Les classes de découverte, une priorité éducative à Bagneux

En finançant des classes de découverte, la ville de Bagneux fait partir chaque année depuis 2011 plusieurs centaines d’enfants

 

Pourquoi ?

L’objectif des classes de découverte est double : d’une part, les enfants profitent d’un voyage à tarif réduit, et d’interventions thématiques autour des arts, du sport, ou de la nature… Ces classes permettent également de favoriser l’autonomie des plus petits qui partent quelques jours loin de leurs parents.  Elles créent aussi du lien entre les élèves, qui reviennent généralement «grandis» par leur séjour, et des souvenirs plein la tête.

Comment ?

Si Bagneux a toujours financé des sorties culturelles et des classes vertes, les classes de découverte renouvelées chaque année proviennent de discussions politiques ayant eu lieu dès 2011. La ville investit de larges moyens dans l’organisation de ces classes, avec un reste à charge minime et dégressif pour les familles. Les enseignants proposent ainsi, chaque année, un programme de classes de découverte, mobilisant parfois des intervenants extérieurs selon la thématique abordée. Ces classes peuvent-être en lien avec des modules éducatifs dispensés au primaire, par exemple sur le théâtre, la danse, les arts plastiques…

Un système d’accompagnement des familles a été déployé, leur permettant d’accéder à des tarifs extrêmement bas et à des aides complémentaires, ainsi qu’un suivi téléphonique avec l’école pour calmer leurs inquiétudes éventuelles.
Le budget pour ces classes est le seul budget non-régalien de Bagneux qui augmente sans cesse, tant elles constituent une priorité pour la ville. Ce sont les élèves de CE2 qui partent chaque année, l’objectif étant que chaque enfant sans exception ait pu bénéficier d’un tel séjour au moins une fois lors de sa scolarité.  Ces derniers ont ainsi pu découvrir la campagne, la Côte d’Azur, le ski, le char à voile, la danse… À noter que la pandémie de Covid-19 avait empêché le départ de certains élèves : dans un souci d’équité, la ville a rajouté des classes pour les CM1-CM2 qui n’avaient pas pu partir en CE2 !

Quel bilan ? 

Entre 2023 et 2024, ce sont 500 enfants de 24 classes qui ont pu partir en séjour. Les enseignants reconduisent leur motivation chaque année, et les parents ne cessent de faire savoir à quel point leurs enfants ressortent grandis par ces expériences.

 

Le projet en photos

 

L’interview d’Eric Rachedi, Directeur de l’Éducation à la ville de Bagneux

 

Quels sont vos partenaires sur ce projet ?

 

M. Rachedi : Nous ne bénéficions pas de financements partenariaux sur ces classes de découverte ! C’est la ville qui, à elle seule, finance la totalité de ce projet, à hauteur de 388 000 euros pour 2023. En 2021, ce budget était de 360 000 euros : il a donc augmenté et continuera d’augmenter, car ces classes constituent une véritable priorité pour la ville. Il s’agit, me semble-t-il, du seul budget non-contraint de Bagneux qui augmente malgré la conjoncture économique. Cette décision découle d’un engagement plus large de la ville, qui développe par ailleurs des « itinéraires culturels » et des « classes de ville » pour les enfants. Durant ces itinéraires de quelques jours, ils restent en région parisienne et peuvent donc rentrer chez leurs familles le soir. Nous sommes en contact avec les Petits Débrouillards, l’Exploradôme, l’Institut d’Astronomie de Paris, le théâtre Victor Hugo et plein d’autres organismes, permettant de découvrir des activités et des savoirs encadrés par des professionnels. Les itinéraires culturels représentent à peu près 100 000 euros supplémentaires.

Nous dépensons aussi plusieurs centaines de milliers d’euros dans les séjours d’été et pour des séjours de fratrie : les tous petits de maternelle partent accompagnés de leurs grands frères et grandes sœurs. C’est un moyen de faire découvrir des activités aux plus petits, tout en rassurant les parents grâce à la présence d’un aîné.

Tous ces budgets mis bout à bout représentent un effort financier très conséquent de la part de la ville, pour favoriser ces formats ludiques d’apprentissage.

Pour en revenir aux classes de découvertes, où les enfants se sont-ils rendus ? 

 

M. Rachedi : Au départ, nous organisions déjà des classes transplantées, assez classiques, durant lesquelles les enfants découvraient la neige ou la montagne. Mais depuis la formalisation de ces classes de découverte, les élèves ont visité une variété de régions, parfois éloignées de la banlieue parisienne, et se sont initiés à de nouvelles activités grâce aux thématiques proposées. Ainsi, récemment, ils se sont rendus à la station de ski La Chapelle d’Abondance, à la Trinité sur Mer (dont le centre de vacances est détenu par Bagneux), à la Croix Valmer, au village montagnard de Méaudre… Les thématiques proposées allaient de la découverte des milieux marins et du char à voile, aux sports de neige, en passant par le théâtre ou le développement durable.

 

En effet, certaines de ces destinations sont bien éloignées de Bagneux… les parents ne s’y opposent pas ?

 

M. Rachedi : Ce projet municipal serait inexistant sans l’approbation des parents. Nous déployons donc aussi un certain nombre de moyens pour les convaincre. Nous leur téléphonons régulièrement, pour leur expliquer toutes les modalités des séjours et leur dire combien ces expériences permettent de développer, collectivement, l’autonomie de leurs enfants. Dix jours hors de chez soi, pour un enfant de huit ans, c’est énorme ! Les parents nous ont confié avoir retrouvé leurs enfants transformés, véritablement grandis. Cette autonomisation constitue donc notre principal argument pour persuader les parents. Mais il faut aussi que les enfants soient motivés, aussi avons-nous mis en place, à l’école Rosenberg, un système d’ambassadeurs dans les classes supérieures. Les élèves plus âgés, qui sont déjà partis en classe de découverte, qui viennent raconter leurs expériences devant les élèves de CE2, et les inciter à participer.

Grâce au suivi proposé et à cet encadrement, nous ne recueillons que des retours extrêmement positifs, aussi bien de la part des enfants que de leurs parents. J’ai croisé un élève l’autre jour, dont je voulais qu’il me raconte son souvenir de classe le plus marquant. Il m’a immédiatement parlé de son expérience en classe de découverte !

 

Quels sont vos objectifs à venir sur ce projet ?

 

M. Rachedi : Nous aimerions  organiser davantage de classes, mais, vus les budgets, il s’agit d’un objectif délicat à atteindre . Nous ne pouvons ni couper sur le régalien, ni sur les séjours de vacances d’été, essentiels pour l’épanouissement des enfants de la ville. Les députés de l’Assemblée Nationale ont récemment adopté un fonds national de 3 millions d’euros pour aider les villes à relancer ces classes de découverte, une aide dont on espère voir la pérennisation dans le temps, et qui pourrait nous aider à augmenter le volume de ces activités. Nous voudrions aussi instaurer une indemnité à destination des enseignants qui se portent volontaires pour encadrer ces classes.

Nous envisageons par ailleurs de reconduire annuellement certaines thématiques qui ont beaucoup plu. Les élèves de CE2, par exemple, se sont rendus en 2023au festival de la bande dessinée. Ils avaient auparavant travaillé sur un module BD, tout au long de l’année avec une autrice participant au festival, lequel avait généré beaucoup d’engouement.

Nous souhaiterions aussi revoir l’organisation des classes de découverte. Je m’explique : si nous planifions ces séjours avec les écoles de la ville, ils doivent tout de même être validés par l’inspectrice de circonscription de l’Éducation Nationale. Cette procédure implique des délais administratifs, qui déterminent le moment auquel nous pourrons faire partir les enfants. Nous essayons donc actuellement de construire des propositions pour l’Éducation Nationale dès la première semaine de la rentrée en septembre, afin que les élèves partent potentiellement à leur retour de la Toussaint. Selon moi, plus les enfants partent tôt dans l’année, plus ces classes permettent de générer du lien et de fédérer la classe. Le problème étant qu’une telle organisation implique un processus de réflexion à entamer dès le mois de juin de l’année N-1, alors que tous les enseignants ne sont pas encore nommés à cette période. Or, nous ne voulons pas générer une inégalité entre les professeurs nommés et ceux qui attendent encore… il nous faut donc retravailler notre organisation pour favoriser des départs le plus tôt possible, tout en tenant compte de ces contraintes.

 

©Crédit photos : Ville de Bagneux

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Bagneux
  • Département : Hauts-de-Seine
  • Région : Île de France
  • Population : 39 487 habitants (2015)
  • Maire : Marie-Hélène Amiable
  • Site internet : Site de la ville
  • Grâce aux programmes mis en place par la ville, environ 70 enfants ont pu partir à la Toussaint dernière, et 250 l’été. À l’année, 500 enfants sont concernés par ce dispositif.
  • Les classes de découverte durent en moyenne 10 jours.
  • Près de 400 000 euros ont été investis par la ville en 2023, juste pour ces séjours
  • Les parents bénéficient d’un tarif sur quotient, à partir de 7 euros la journée. 
Publié dans :