Saint-Denis bouge pour la Santé

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Depuis 2013, dans le quartier Floréal-Saussaie-Courtille, la démarche recherche-action Pour la santé, je bouge dans mon quartier  transforme en profondeur le rapport des habitants à la pratique physique et sportive.
Proposé par la Direction Régionale de la Santé, mené et coordonné par la Maison de la Santé avec le soutien de la Ville de Saint-Denis, et évalué par l’Université Paris 13, ce projet unique en France a permis de modéliser une stratégie d’intervention innovante pour le développement de l’activité physique, et essaime aujourd’hui dans d’autres quartiers de la ville.

Pourquoi ?

Les études scientifiques récentes sont unanimes quant aux bénéfices de l’activité physique sur la santé d’un point de vue biologique, psychologique et social. Si une activité physique régulière permet de réduire de 30 à 40% l’apparition d’un cancer du sein et de 40 à 50% les risques de développer un cancer du côlon, elle permet aussi, entre autres, de réduire de manière significative anxiété et dépression.

Ainsi, l’OMS conseille aux adultes (18-65 ans) de pratiquer 30 minutes d’activités modérées 5 jours par semaine, et 20 minutes d’activités intenses 3 jours par semaine.

En 2013, un premier diagnostic a établi que, dans le quartier Floréal-Saussaie-Courtille, seulement 48,1% de la population adulte suivait ces recommandations, contre 63,2% à l’échelle nationale.

Comment ?

Une phase de recherche de 6 mois a permis de rencontrer 300 habitants et 80 professionnels, de comprendre quels étaient les freins à la pratique d’activités physiques dans le quartier et d’évaluer le niveau d ‘activité physique de la population.

De septembre 2013 à septembre 2015, de nombreuses actions ont été menées en lien avec l’ensemble des professionnels du quartier (enfance, jeunesse, domaine socio-culturel, sport), autour de 3 axes de travail :

  • Renforcer l’offre en activités physiques et en faciliter l’accès.
    Par exemple : marche en groupe vers le parc de la Courneuve tous les vendredis matins.
  • Communiquer sur l’offre existante, l’intérêt en terme de santé et les différents moyens de pratiquer une activité physique.
    Par exemple : nombreuses interventions dans les écoles
  • Développer un environnement favorable à la pratique de l’activité physique
    Par exemple : installation d’agrès sportifs dans le quartier

Ces axes de travail ont été développés par un chargé de mission référent, éducateur médico-sportif, présent régulièrement dans un espace dédié au projet au sein du centre social du quartier. Cette proximité a sans nul doute permis une appropriation rapide du dispositif par les habitants.

Quel bilan ?

48,1% des habitants avaient une pratique physique régulière en 2013 contre 63,5% en 2015, soit une augmentation de près 32% en deux ans. Cette réussite significative démontre que la combinaison des trois actions (offre adaptée, communication accrue et environnement plus favorable) permet une transformation rapide des modes de vie.

Il est intéressant également de constater que ce sont les femmes qui ont augmenté très fortement leur pratique sportive au cours des deux dernières années.

Le projet s’exporte aujourd’hui ailleurs dans Saint-Denis, sur le quartier Allende, suivant exactement le même processus.

 

L’interview d’Elisabeth Belin, adjointe déléguée à la Santé

Vous avez choisi de mener à bien un projet visant à lutter contre la sédentarité dans l’un des quartiers de Saint-Denis. Comment est-ce devenu une priorité ?
Elisabeth Belin : Cette expérimentation n’a pas été faite sur commande politique, mais menée par la Maison de la Santé dont les travaux – très précieux, sont effectués à partir des évaluations des besoins et du projet politique global de la ville en matière de santé, principalement la lutte contre les inégalités sociales et territoriales en santé.

Le projet s’exporte déjà dans le quartier Allende, envisagez-vous de l’étendre à toute la ville ?
E.B : Bien sûr, il nous paraît indispensable de transformer en politique publique sur toute la ville, une expérimentation qui a si bien fonctionné à l’échelle d’un quartier. La principale question reste aujourd’hui celle des moyens mis en œuvre, et nous ne manquerons pas de solliciter l’ARS qui porte ces compétences.

Que vous a appris cette expérimentation ?
E.B: L’une des leçons de ce projet, c’est que les actions doivent être pluri-sectorielles. C’est l’un des facteurs clé de sa réussite. Nous devons travailler avec l’aménageur, et avec la direction de la communication, car il y a une dimension informative et incitative très importante. Cela doit, pour l’avenir, nous conduire à travailler différemment.

Comment envisagez-vous ce travail ?
Nous souhaitons, à l’échelle de la Direction Générale des Services, inscrire cette politique publique dans le cadre du Développement Social Local. C’est un nouveau mode d’organisation, qui part des habitants et que nous devons mettre en place à côté des modes traditionnels de gouvernance. J’ai souhaité, par exemple, associer la Direction des sports à nos réflexions, et nous venons d’adopter le rapport d’orientation sport qui prend en compte cette question de santé.

 

La video du projet

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Commune : Saint-Denis
  • Département :  Seine-Saint-Denis (93)
  • Région : Ile-de-France
  • Population : 109 343 habitants
  • Maire : Didier Paillard  (PCF)
  • Site internet : www.ville-saint-denis.fr
  • 2 années d’expérimentation
  • 6716 habitants du quartier, bénéficiaires du projet
  • En 2013, 40,3 % des femmes pratiquait au moins 30 minutes d’activité physique par jour
  • En 2015, 60,3% des femmes pratiquent au moins 30 minutes d’activité physique par jour
  • 1 emploi ETP dédié au projet
  • 83 professionnels de différents domaines ( santé, enfance, jeunesse, socio-culturel, sport) participant au projet
  • Création d’un parcours sportif avec 6 agrès installés
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