La Maison des Femmes est un nouvel espace unique dédié à la prévention et l’accompagnement des femmes victimes de violences, qui offre un lieu d’accueil, de protection, d’orientation et d’accompagnement aux victimes de violences pour leur permettre d’apporter une solution de sortie face à une situation subie.
C’est également l’un des premiers équipements structurants du département des Hauts-de-Seine, qui permettra aux partenaires de se réunir, de se rencontrer, de réfléchir et de construire ensemble des espaces et services adaptés, ce qui permettra à l’ensemble de fonctionner comme un incubateur pour les droits des femmes.
Pourquoi ?
L’engagement de la ville de Nanterre en faveur des droits des femmes est ancien et constant. La création d’une Maison des Femmes sur son territoire vient naturellement le prolonger et le renforcer. Il faut également noter la volonté du maire de la ville, Patrick JARRY, de faire de la ville de Nanterre une “ville modèle” en matière de lutte contre les violences qui sont faites aux femmes. C’est avec cette vision qu’une délégation aux droits des femmes a été créée en mars 2020 et confiée à l’adjointe au maire Laureen Genthon.
Si l’idée a émergé publiquement lors des ateliers citoyens organisés au moment de la campagne des municipales de 2020, s’imposant alors comme une évidence, elle a germé discrètement pendant des années grâce à la contribution constante de citoyennes engagées et d’associations spécialisées, comme le CIDFF92, l’AFED92, l’Escale ainsi que l’ensemble des associations mobilisées sur ce sujet.
La Maison des Femmes est une réponse globale à un problème social, à un besoin manifeste et urgent, celui de l’accueil et de l’accompagnement des femmes victimes de violences sexuelles et sexistes.
Afin d’apporter une solution concrète à un problème endémique et systémique, la Maison des Femmes s’est donc donné pour mission de prévenir ces violences en promouvant les droits des femmes. Elle a été structurée autour de deux pôles complémentaires qui travailleront en synergie, un pôle « Accompagnement des femmes victimes de violences » et un pôle « Centre de ressources socio-culturelles ».
Comment ?
La dimension citoyenne du projet et la démarche de concertation large ont été de formidables outils pour construire une Maison des Femmes qui répond aux besoins des Nanterriennes.
Conçue dans une optique partenariale durant la phase de conception du projet, les acteurs locaux des droits des femmes ont été réunis pour imaginer une Maison des Femmes idéale, de l’organisation à l’aménagement en passant par l’ordre de services. Ces groupes de travail ont permis, à la fois, de mettre à profit l’expertise des acteurs de terrain et de les fédérer en un véritable réseau qui fait vivre le lieu.
Pour offrir à ce lieu un environnement idéal et non stigmatisant, condition sine qua non à son bon fonctionnement, il a été décidé de l’implanter dans un quartier moderne, aux usages mixtes, ce qui permet aux usagères de s’y rendre en toute sécurité et en fait un lieu accueillant et sécurisant. Le local, quant à lui, est doté d’équipements modernes, dont quatre bureaux insonorisés qui garantissent discrétion et anonymat.
Le service a été fondé sur une équipe pluridisciplinaire engagée, dynamique, pleine d’énergie et experte proposant une large offre de services gratuits afin d’être au plus près des besoins des femmes concernées (santé, accompagnement social, ateliers sportifs et artistiques, mais également des permanences et des rencontres…etc.).
Plus largement, la Maison des Femmes s’inscrit dans un dispositif bi-sites avec un lieu à l’Hôpital Max Fourestier de Nanterre et un lieu dans la ville avec la Maison des Femmes. Ce dispositif a été structuré autour de trois pôles complémentaires pour apporter une réponse la plus complète possible aux attentes et aux besoins des femmes.
Le pôle « Soins » à l’hôpital, propose un accueil d’urgence des soins médicaux et un dépôt de plainte facilité. Les deux autres pôles situés à la Maison des Femmes sont donc : le pôle « Observatoire des violences » avec un centre local de ressources sur les violences faites aux femmes, une mise en réseau des acteurs locaux, un diagnostic et des préconisations. Et le pôle « Socio-culturel » qui aide aux démarches juridique et sociale, forme, sensibilise à la culture de l’égalité et organise des activités culturelles, artistiques et sportives.
Agir en amont et sur le long terme est jugé comme primordial par la ville de Nanterre. C’est bien pour combattre toute forme d’inégalité, terreau des violences sexuelles et sexistes, entre femmes et hommes qu’un engagement fort a été pris et concrétisé. La Maison des Femmes est également un levier puissant pour faire valoir, mettre en place et impulser d’autres thématiques que les violences et permettre de faire rayonner à l’échelle de la ville tous les sujets liés à l’égalité femmes-hommes.
Quel bilan ?
Aujourd’hui, existe dans le département des Hauts-de-Seine une adresse particulière concernant la lutte contre les violences familiales. L’ouverture de la Maison des Femmes est un signal politique fort dans une ville construite par les hommes pour les hommes et s’inscrit dans le développement d’une ville de plus de 100 000 habitants, une ville qui choisit la promotion de l’inclusion et de la sécurité.
Dans la continuité de ses engagements, la Ville a également décidé de signer la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale. Celle-ci permettra d’élaborer un plan d’actions visant à faire avancer l’égalité femmes-hommes dans des domaines relevant de la commune, comme les ressources humaines, l’action éducative, l’aménagement, les sports ou encore la culture.
Le projet en photos
© 2022 – Nanterre / Claire Macel
L’interview de Laureen Genthon, adjointe au maire de Nanterre déléguée au Droits des femmes et conseillère départementale des Hauts-de-Seine.
Quels sont les objectifs et vos attentes concernant la mise en place de ce projet ?
La Maison des femmes de Nanterre est un projet unique en son genre en Île-de-France. Il suscite énormément d’attentes et d’enthousiasme à Nanterre.
Conçue comme une « maison-réseau », son ambition est d’améliorer l’accueil et l’accompagnement des femmes victimes de violences et de faire progresser l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Bien évidemment, ces deux objectifs ne se conçoivent pas l’un sans l’autre, c’est ce qui fait l’originalité et la force de ce projet d’ailleurs.
Sa vocation, je tiens à le préciser, n’est pas de remplacer les acteurs qui existent déjà sur le territoire et dont le rôle est essentiel, mais bien d’améliorer leur coordination et d’amplifier, enrichir et accélérer les actions mises en place pour protéger les femmes et faire valoir leurs droits.
Tout cela se fera en partenariat étroit avec les acteurs associatifs, publics et privés engagés sur cette question, des associations spécialisées aux services municipaux, en passant par l’hôpital de Nanterre et le commissariat de police.
Cette dynamique partenariale permettra de proposer des permanences juridiques, des consultations médicales et psychologiques, des accompagnements au dépôt de plainte, mais aussi des ateliers artistiques ou encore des groupes de parole.
C’est une fierté et une chance de pouvoir compter sur un tel réseau engagé au service d’une cause aussi importante. Car nous le savons bien, les femmes victimes de violences font face à un mur d’obstacles, de risques, de peurs, de traumatismes, dans ce qui s’apparente à un parcours de la combattante. Dans la Maison des femmes, ces « combattantes » trouveront des personnes formées et à l’écoute, une protection, une bienveillance inconditionnelle et des ressources pour retrouver petit à petit confiance en elles et se reconstruire.
Dans une ville comme Nanterre, où les valeurs de justice sociale, d’égalité et de solidarité sont au cœur de l’action municipale, ce projet prend tout son sens. Il traduit une volonté collective de renforcer la lutte contre les violences et les inégalités de genre, à l’heure où les droits des femmes sont fragilisés à travers le monde.
Une des initiatives mises en œuvre dans le cadre du projet vous a-t-elle particulièrement marqué ?
En 2019, avant même que ce projet ne figure dans le programme municipal, les Nanterriennes ont été invitées à participer à un atelier public sur le thème des droits des femmes. J’ai le sentiment que les témoignages entendus ce soir-là ont marqué les consciences. Au milieu d’une assemblée pleine à craquer, de nombreuses femmes et associations ont pris la parole pour dénoncer les violences qu’elles avaient subies ou dont elles étaient témoins, dans des récits parfois bouleversants et très personnels. La plupart d’entre elles ont alors appelé à la création d’une Maison des femmes. Pour la Ville, il était évident que ces attentes ne devaient pas rester sans réponse. Nous avons donc décidé de porter et de soutenir leur proposition dans le cadre de notre mandat.
Ces attentes ne sont pas spécifiques à Nanterre, entendons-nous bien. C’est toute la France qui est concernée. Depuis plusieurs années, la réalité et l’ampleur des violences faites aux femmes suscitent une attention de plus en plus forte au sein de notre société. La mobilisation précieuse des associations, le mouvement #MeToo, puis la crise sanitaire, ont permis de dénoncer plus vivement ce fléau, en rappelant à juste titre qu’il nous concerne toutes et tous. La prise de conscience et l’intolérance remplacent petit à petit l’indifférence et je m’en réjouis. Maintenant, les actes doivent suivre, notamment du côté de l’État. Face à la hausse du nombre de féminicides et la persistance des violences, le président de la République a une fois encore déclaré ce combat comme la grande cause de son second quinquennat. Les actions menées et les moyens consacrés à cette ambition seront-ils à la hauteur des besoins? Je l’espère.
Quels projets reste-t-il à mettre en œuvre pour la suite, d’ici la fin 2022 ? Et à plus long terme?
Grâce à l’engagement des associations, des services publics et des partenaires privés, la Maison des femmes de Nanterre ouvre ses portes le 24 septembre avec une offre de base, que nous ambitionnons d’étoffer au fur et à mesure, notamment sur le plan de l’accompagnement social, de la mise à l’abri des femmes ou de la sensibilisation des jeunes. Pour cela, le soutien de l’État et du Département des Hauts-de-Seine va être indispensable.
Par ailleurs, il est évident que la Maison des femmes doit rester ouverte sur l’extérieur et encourager la promotion des droits des femmes à travers la ville. L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas l’apanage d’une structure ou d’un lieu, elle doit rayonner dans les rues, les théâtres, les écoles, les stades de foot, les centres de santé, les librairies, les institutions, etc. C’est aussi dans cet esprit que nous concevons l’avenir de la Maison des femmes.
Pensez-vous que ce nouveau lieu ressource puisse faire passer un cap à la ville en matière de lutte contre les inégalités de genre et des violences ?
Je suis persuadée que ce lieu ressource sera un allié de taille dans la lutte contre les violences et les inégalités à Nanterre. Cela étant dit, Nanterre n’a pas attendu l’ouverture de la Maison des femmes, ni le mouvement MeToo, pour s’engager dans ce combat. Depuis des années, les associations spécialisées font un travail formidable pour tenter de répondre aux besoins des femmes qui subissent des violences et sensibiliser la société, avec des moyens bien souvent insuffisants. La Ville mène elle aussi des actions importantes à travers la formation de ses agents par exemple , le soutien financier aux associations ou encore l’organisation annuelle du festival du Printemps de l’Égalité. Nos ambitions ne s’arrêtent pas là, puisque nous nous sommes engagés à construire un Plan local à l’Égalité entre les femmes et les hommes dans une véritable démarche de transversalité. Notre volonté est d’infuser l’objectif d’égalité dans toutes les politiques municipales, des ressources humaines à l’aménagement de l’espace public, en passant par la culture, les sports ou encore la santé.
Les communes ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir les efforts déployés sur le terrain et encourager le changement ; elles doivent s’en saisir. Lors de ce fameux atelier citoyen que j’évoquais à l’instant, une jeune étudiante nanterrienne avait confié à l’assemblée : « Je veux que ma ville montre l’exemple sur cette question. » Elle a entièrement raison et c’est que nous nous employons à faire. Lorsque nous engageons une campagne de communication dans tous les quartiers de la ville en portant un message clair contre le sexisme, l’homophobie, le racisme et toute autre forme d’oppression systémique qui mine encore notre société, nous contribuons à sensibiliser, à éduquer, à changer les mentalités. Lorsque nous réaménageons les cours d’écoles pour mieux partager l’espace et casser les logiques de ségrégation que l’on retrouve plus tard dans l’espace public, nous contribuons là aussi au changement.
L’État, les collectivités, les associations et tous les acteurs de notre société doivent s’inscrire dans cette dynamique. C’est ensemble que nous atteindrons l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
- Nom : Nanterre
- Département : Hauts-de-Seine
- Région : Île-de-France
- Population : 96 277 habitant.e.s
- Maire : Patrick Jarry
- Site internet : Site de la ville
- Mars 2020 : création de la délégation aux droits des femmes
- 400 m2 : Surface de la Maison des Femmes
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