La métropole de Lyon et ses balades urbaines

L’accueil des enseignants nouvellement nommés en éducation prioritaire, ou les balades urbaines pour mieux connaître le territoire

À Rillieux-la-Pape, Vénissieux ou encore Vaulx-en-Velin, les nouveaux enseignants qui travaillent en zones d’éducation prioritaire, de la maternelle au collège, sortent de leur établissement et découvrent les quartiers où ils enseignent, le temps d’une visite à pied.
Ces « marches exploratoires » des quartiers sont une initiative de l’Éducation nationale et de la Métropole de Lyon associées aux communes.

Un objectif pour ces professeurs : mieux connaître les lieux de vie de leurs élèves, découvrir les ressources sur lesquelles ils vont pouvoir s’appuyer pour travailler avec leurs élèves, leur donner envie de monter des projets territoriaux et les fidéliser.

 

Pourquoi ?

La nomination dans un établissement scolaire en éducation prioritaire située en Quartier Politique de la Ville peut être vécue avec appréhension par les enseignants qui sont souvent jeunes (la part des moins de 35 ans y est beaucoup plus importante qu’hors Réseau d’Education Prioritaire) et ne connaissant que peu les réalités des quartiers populaires dans lesquels vivent les élèves et leurs familles.
Ces enseignants résident rarement dans ces quartiers et sont éloignés sociologiquement de ces publics. Ils ont souvent des représentations imaginaires de ces territoires -et qui restent généralement au stade des représentations- et sous-estiment parfois les ressources qui y sont présentes, et notamment les nombreuses initiatives qui y sont menées par une diversité d’acteurs publics et associatifs.
Il s’agit des mêmes problématiques que pour les personnels non enseignants nouvellement nommés en réseau prioritaire; comme les personnels de santé, assistants d’éducation ou personnels administratifs.

Il est important de noter que la part des enseignants en poste depuis moins de deux ans en éducation prioritaire est supérieure à celle des enseignements en poste hors REP (49% contre 37%). Cette tendance va en s’accentuant puisque cette part était de 40% au début des années 2010.

Enfin, le fonctionnement en réseau de l’éducation prioritaire nécessite des collaborations resserrées entre des enseignants du premier et du second degré. La création de temps de rencontre peut permettre une interconnaissance entre enseignants qui facilitera la mise en place d’actions et de projets communs en lien notamment avec leur territoire.

 

Comment ?

La Métropole de Lyon et la Direction départementale des services de l’Éducation nationale du Rhône ont proposé, en lien étroit avec les Communes et les équipes politique de la ville de mettre en place un temps d’accueil en début d’année, centré sur le territoire des nouveaux enseignants arrivant en Rep +.
Il consiste, sur une demi-journée (temps inscrit dans le plan formation), en une présentation globale du quartier, de ses enjeux et projets puis d’une « balade urbaine » de découverte du territoire pour connaitre les ressources du quartier.
Centre social, éducateurs spécialisés, atelier Santé, ville, projet de renouvellement urbain, sont autant de ressources qui peuvent permettre la mise en œuvre de projets avec des enseignants. Pour être encore plus proche du quotidien de ces quartiers, certains territoires font faire la visite par des collégiens, des habitants ou encore le conseil citoyen…

 

 

Le projet en photos

                       

©Métropole de Lyon

Premier bilan

Cette action partagée entre acteurs du réseau prioritaire est une réussite : 250 participants de la maternelle au collège, répartis sur 14 réseaux et 8 territoires à la rentrée 2018. Près de 350 participants, répartis sur 16 réseaux (dont un REP) et 9 territoires à la rentrée 2019, ont pu découvrir, « autrement », « le quartier dont parlent leurs élèves », « de casser des représentations négatives »  et entrer en lien avec différents acteurs du territoire. En 2019, 80% des participants ont déclaré avoir tout à fait apprécié ce temps d’accueil ; les trois quart n’avaient jamais visité le quartier auparavant. Un signe de l’intérêt de ces balades urbaines de découverte : « d’anciens » enseignants ont demandé, eux aussi, de pouvoir bénéficier de ces balades, arguant du fait qu’eux aussi ne connaissaient pas le territoire environnant…

L’action s’est poursuivie à la rentrée 2020 avec comme nouvel enjeu de poursuivre l’élargissement de l’action aux territoires en REP.​ Cependant, si ces balades urbaines ont pu avoir lieu sur quelques territoires, la crise sanitaire a obligé certains territoires à reporter cet accueil.

 

 

Interview de Fréderic Raynouard, chargé de mission Politique de la ville

1) Quel a été votre rôle dans ce projet?

J’ai été jeune chef de projet Politique de la ville et un de mes constats a été qu’il y avait beaucoup de jeunes professionnel.le.s qui débutaient dans ces quartiers de la politique de la ville. Certes, ils avaient plein d’entrain, mais peu d’expériences de la vie dans ces territoires.
Quand j’ai exprimé ce constat à l’Éducation nationale, ils ont tout de suite accepté de lancer ces balades urbaines de découverte.

 

2) Comment s’est développé le projet, de sa conception à sa mise en œuvre ?

Nous avons élaboré un cahier des charges avec l’inspection académique, les équipes Politique de la ville et des principaux.ales de collèges. Ce cahier des charges est proposé chaque année aux équipes de terrain, qui organisent cet accueil de quartier. La 1ere année un questionnaire a été réalisé auprès des 250 participants pour mieux adapter les prochaines balades.

 

3) D’après vous, quel est l’enjeu d’un projet tel que celui-ci pour la politique de la ville? 

Les quartiers de la politique de la ville ont besoin de pérennité dans les actions et les ressources humaines. Or, comme je le disais précédemment, sur les quartiers ça tourne ! Ces balades urbaines créent un lien avec le territoire, en montrant son potentiel et pas seulement « ses problèmes ». De plus, ces balades ouvertes à tous les cycles permettent aussi que les enseignants de l’école élémentaire côtoient ceux du collège.

 

4) Quels sont les retours que vous avez eu des différents acteurs du projet ?

L’enquête a montré la forte satisfaction des participants. Beaucoup nous ont dit « on n’osait pas sortir de l’établissement ». Un bon indicateur de la réussite de ce projet est que certains « anciens » enseignants demandent à bénéficier de ce type de balades urbaines.
Après avoir commencé avec les REP+, des réseaux REP ont aussi participé à ces balades.
Du côté des parents, quelques sites ont même organisé leurs balades urbaines avec les parents comme guides…

 

 

Fiche d'identité de la MétropoleLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Métropole de Lyon
  • Département : Rhône
  • Région : Auvergne-Rhône-Alpes
  • Population : 1 385 927
  • Président de la Métropole : Bruno Bernard 
  • Site internet : https://www.grandlyon.com/
  • près de 350 enseignants de la maternelle au collège
  • entre fin septembre et mi octobre de chaque année
  • d’après un sondage : 94 % l’ont déclaré utile, 78 % estiment qu’il faut le reconduire
  • 66 quartiers politique de la ville dont 37 QPV et 14 sites en NPNRU
  • Total de la population en politique de la ville : 270 000 habitants
  • 79 collèges dont 30 en éducation prioritaire
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