Parcours d’excellence des élèves de l’éducation prioritaire : cela se précise

Avant de rejoindre, jeudi 16 juin, les élus de Ville & Banlieue réunis dans sa ville de Vaulx-en-Velin pour leur Assemblée générale annuelle, Hélène Geoffroy, secrétaire d’État chargée de la politique de la ville, était en déplacement à Strasbourg avec Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale. L’occasion d’apporter quelques informations s’agissant des parcours d’excellence proposés aux élèves des quartiers prioritaires lors du CIEC d’octobre 2015.

Le constat n’est pas nouveau : les élèves des QPV sont notoirement sous-représentés dans les filières sélectives. Moindre confiance en soi et/ou moindre confiance dans le système scolaire, déficit d’information et méconnaissance des codes d’accès aux filières d’excellence, autocensure sociale et inhibition culturelle… les élèves des quartiers et milieux sociaux défavorisés s’orientent peu, à niveau scolaire comparable, vers les filières les plus porteuses. Suite au rapport remis par Pierre Mathiot, le gouvernement commence à dévoiler ses intentions pour y porter remède.

Une extension des « Cordées de la réussite » ? Certes les contenus manquent encore de précision, mais les premiers détails vont dans ce sens : il s’agit d’inciter les collégiens de milieu modeste à poursuivre un parcours d’étude et d’insertion professionnelle « ambitieux et réussi », et de les accompagner dans ce parcours ; de leur faire découvrir, grâce à des intervenants extérieurs, des rencontres, des visites d’entreprises ou d’équipements culturels, des univers et des possibilités d’orientation jusqu’alors inconnus ; d’élargir leurs horizons et de leur apporter l’aide nécessaire, jusqu’au bac et au-delà, leur permettant d’atteindre leurs objectifs.
On retrouve dans les premières esquisses du dispositif la plupart des composantes développées dans celui mis en place en 2008 par Fadela Amara sous le nom de « cordées de la réussite » : un accompagnement scolaire individuel et collectif, éducatif, culturel et social (aide aux devoirs, compléments de formation, préparation anticipée aux concours…) ; une découverte des métiers et une orientation active pour l’accès aux formations (exigences, durée, débouchés, taux de réussite…) ; un tutorat et un parrainage des élèves ; un travail collaboratif des équipes éducatives.

Inflexions particulières données aujourd’hui par le rapporteur : d’une part, le dispositif doit intervenir assez tôt pour prévenir une orientation rédhibitoire (dès la 3ème) et se poursuivre sous la forme d’un accompagnement pour éviter découragement et abandon (jusqu’au bac) ; d’autre part, il doit pouvoir accompagner les choix d’orientation les plus divers en termes de domaines, de filières et de métiers ; enfin, il doit faire l’objet d’une coordination et d’un suivi national.

Un déploiement progressif programmé jusqu’en 2019. Une circulaire interministérielle doit préciser le calendrier, la gouvernance académique, les objectifs et les moyens financiers du dispositif. Mais 3 phases semblent d’ores et déjà esquissées.
Pour la rentrée 2016, un démarrage dans les 352 collèges classés REP+ et certains collèges isolés.
Pour la rentrée 2017, une extension aux élèves de 3ème scolarisés dans les 730 REP et un suivi de la première cohorte en classe de seconde, dans les lycées d’accueil concernés.
Pour la rentrée 2018 et 2019, la poursuite de l’accompagnement en classes de 1ère et de terminale destinée aux premiers entrés dans le dispositif.

Les moyens disponibles ? Parce que la mesure concerne potentiellement 20 à 30% des élèves de 3ème des 1089 réseaux REP et REP+, parce qu’elle va exiger mobilisation, coordination et mobilité des acteurs de l’éducation, de l’orientation et de leurs partenaires locaux, il convient de ne pas sous-estimer les moyens à mobiliser pour répondre à une telle ambition. 12,5 millions d’euros avaient été annoncés en avril : ces chiffres seront-ils confirmés et s’avéreront-ils suffisants ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines et de la circulaire en préparation.

A télécharger :
Le rapport Mathiot