À Lyon, deux lauréats du dispositif « Quartiers Fertiles » porté par l’ANRU


Le 16 avril 2021, la Ville de Lyon a eu le plaisir de découvrir deux de ses quartiers, Mermoz/Langlet-Santy et La Duchère, figurer parmi les 48 nouveaux lauréats sélectionnés dans le cadre de la deuxième tranche de l’appel à projets “Quartiers Fertiles”. Celui-ci, lancé par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), vise à faire essaimer l’agriculture urbaine sur l’ensemble du territoire urbain français.

 

Pourquoi ?

Le premier programme national de renouvellement urbain (PNRU 1), initié en 2004, avait déjà permis d’engager des opérations de grande ampleur au sein de la ville de Lyon. Le quartier de La Duchère (secteur Plateau) et le quartier de Mermoz Nord, par exemple, ont été complètement métamorphosés. Afin de poursuivre et amplifier la transformation urbaine de ces sites durant les dix prochaines années, un nouveau programme de renouvellement urbain a été engagé par l’État.

Un protocole de préfiguration des projets de renouvellement urbain a été élaboré à l’échelle de la Métropole et intégré au contrat de ville. Cette première phase de conception précisait l’ambition, le programme d’études et les moyens d’ingénierie dédiés. Elle a également permis de lancer les premières opérations urgentes. La convention-cadre de renouvellement urbain comprenant les opérations et le plan de financement élaborés par la Métropole de Lyon, la Ville de Lyon, les bailleurs sociaux et leurs partenaires a été approuvée par l’ANRU en septembre 2019.

Mais le dispositif “Quartiers Fertiles” voulait introduire une composante supplémentaire au développement de ces quartiers : l’agriculture urbaine. En échange, l’ANRU s’engage à soutenir, chaque année, une centaine d’initiatives (jardins d’insertions, micro-fermes…). Les lauréats sélectionnés doivent, eux, accompagner la structuration de filières locales en associant de manière étroite les habitants, et en s’inscrivant dans une logique productive. Ils bénéficient d’une aide financière et d’un appui technique pour la mise en œuvre de leur projet.

 

Comment ?

À la fin de l’année 2020, les quartiers lyonnais de Mermoz/Langlet-Santy ainsi que La Duchère ont donc candidaté afin de faire valoir leur engagement pour l’agriculture urbaine. Amélioration du cadre de vie, développement des circuits courts, création d’emplois, sensibilisation aux enjeux écologiques : ces deux quartiers sont convaincus que l’agriculture urbaine a toute sa place dans les projets de renouvellement urbain.

Le projet « De la graine à la terre » porté par les quartiers Mermoz et Langlet-Santy, dans le 8ème arrondissement, propose par exemple de développer une production agricole originale et adaptée à un contexte foncier contraint, avec l’accueil de micro-fermes d’aquaponie pour la production de poissons et de végétaux, et de culture verticale pour la production d’herbes aromatiques. Il prévoit l’implantation d’une ferme de production de champignons et d’endives bio dans des parkings souterrains. Autre volet du projet : la création d’une maison solidaire de l’alimentation qui proposerait une partie groupement d’achat, resto-café associatif et cuisine solidaire, en lien avec le jardin partagé et le centre social.

À La Duchère, le projet “De l’écoquartier à la cité nourricière et solidaire” prévoit quant à lui la construction d’une halle agriculturelle. Autrement dit, un lieu de vente en circuits courts d’une production maraîchère biologique locale, d’ateliers de médiation et de sensibilisation, de concertation, de création artistique, d’action culturelle, et d’événements festifs. De nombreux usages sont déjà imaginés, mais la halle agriculturelle se présente comme un lieu innovant, s’appuyant sur un modèle de gestion collectif qui associe les habitants aux autres acteurs locaux (associations, entreprises, comités de quartier, etc.).

 

Le projet en photos

 

  

  

 © 2021 — Ville de Lyon

 

Interview de Raphaël Petiot, développeur économique à Lyon 8e

 

M. Raphaël Petiot, développeur économique à Lyon 8e

1) Le développement des projets d’urbanisme et d’agriculture urbaine dans ces quartiers a-t-il été freiné par la crise sanitaire ? Si oui, quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Le temps de réflexion et de recherche a pu s’adapter aux conditions de télétravail pendant le 1er confinement. Puis les deux ateliers participatifs de co-construction de la candidature, ainsi que les temps d’échanges entre les sites candidats de l’agglomération lyonnaise et les temps de travail avec l’AMO de la Métropole de Lyon, ont pu se tenir en présentiel en septembre et octobre.

 

2) En avril dernier, les projets « De la graine à la terre » (Mermoz / Langlet-Santy) et « De l’écoquartier à la cité nourricière et solidaire » (La Duchère) figuraient parmi les 48 lauréats du dispositif « Quartiers Fertiles » mené par l’ANRU. Comment cette nouvelle a-t-elle accueillie au sein des équipes municipales ? Et par les habitants des quartiers concernés ? 

Les nouveaux exécutifs (au niveau de la Métropole, de la Ville et de l’arrondissement) sont très favorables à ce projet et sont porteurs depuis leur arrivée. Cette initiative d’agriculture urbaine en sites NPNRU incarne tout à fait leur souhait de déployer une politique de transition écologique répondant à un double enjeu : nature en ville et solidarité auprès des publics défavorisés.

Concernant les habitant.e.s des quartiers concernés, les réactions sont très diverses : de la réaction circonspecte à une initiative jugée mal ancrée dans le quartier auprès du public de proximité, perçue comme « parachutée », « hors-sol » et sans bénéfice pour les habitant.e.s, à la réaction curieuse et enthousiaste (d’une initiative perçue comme une amélioration qualitative du cadre de vie et génératrice d’animation, de lien social et de nouvelles opportunités, à l’image de l’expérience déjà en cours dans un autre quartier QPV du 8ème, les États-Unis, avec la micro-ferme des États-Unis).

 

3) Comment envisagez-vous l’avenir de l’agriculture urbaine au sein de la ville de Lyon ? 

L’agriculture urbaine a de bonnes perspectives de développement sur la commune de Lyon et l’agglomération. L’exécutif municipal souhaite multiplier les lieux de pratiques agricoles partout où cela s’avère possible. Au-delà du réseau déjà conséquent des jardins partagés, de nouvelles expériences d’agriculture urbaine sont déjà en cours à Lyon 8e (micro-ferme des États-Unis), et à Gerland (Halle des Girondins). L’appel à projets « Quartiers fertiles » va permettre d’amplifier cette dynamique par l’implantation de nouveaux acteurs à Mermoz/Langlet-Santy à Lyon 8e, et à La Duchère à Lyon 9e. Nous souhaitons étudier la possibilité de lier à ce projet les initiatives d’agriculture urbaine déjà engagées et à venir dans le 8ème arrondissement pour une plus grande efficacité de la chaîne de valeur créée.

 

4) Un mot de conclusion ?

L’agriculture urbaine est un moyen supplémentaire pour contribuer à améliorer la situation dans les quartiers populaires, en se positionnant à l’interface entre les politiques de développement économique (diversification fonctionnelle, insertion par l’économie), de cadre de vie (renouvellement urbain, gestion sociale et urbaine de proximité, développement durable) et de développement social (pouvoir d’agir, vivre ensemble, culture, santé).
Les critères de réussite résideront donc dans la viabilité économique des projets, dans leur ancrage territorial et leurs effets socio-économiques pour les habitant.e.s et les quartiers.

 

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Lyon
  • Département : Rhône
  • Région : Auvergne-Rhône-Alpes
  • Population : 518 635 habitant.e.s
  • Maire : Grégory Doucet
  • Site internet : Site de la ville
  • Nombre de quartiers concernés : 2
  • Nombre de porteurs de projets d’agriculture urbaine et d’alimentation durable : 6
  • Nombre de chaînes de valeur complète de la production à la consommation : 1
  • Surface de la plateforme productive en urbanisme transitoire sur le NPNRU Mermoz Sud : 600 m²
    dont 2 micro-fermes urbaines d’aquaponie high-tech et modulables, 1 micro-ferme urbaine collaborative en culture verticale, 1 plateforme de collecte et de valorisation par lombricompostage des biodéchets des marchés forains et 1 laboratoire culturel et artistique
  • Surface de la ferme urbaine implantée sur le NPNRU Langlet-Santy dans les parkings souterrains de la SACVL : 1 400 m²
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