La Maison du projet : un outil de gestion de proximité pour accompagner le renouvellement urbain à Roubaix

Inauguration du vehicule qui a ete amenage pour aller a la rencontre des habitants concernant le projet de renovation urbaine de leur quartier

Le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPRU) s’inscrit dans la continuité d’autres projets antérieurs, depuis 2007, visant à réaménager des grands quartiers roubaisiens en proie à certaines difficultés socio-économiques. Le projet actuel est colossal puisqu’il cible l’Epeule, le Pile, les Trois-Ponts et l’Alma, et ce depuis déjà deux ans et demi. La Maison du Projet a été déployée dans ce contexte : elle vise en premier lieu à pouvoir communiquer auprès des habitants et à les impliquer sur les questions de rénovation urbaine et de logement qui découlent de ce programme.

Pourquoi ?

Des dizaines de milliers de ménages vivent dans le périmètre couvert par ce programme, en vertu de quoi la ville a été tenue de mettre en place un dispositif d’information auprès de ses habitants. Les travaux de rénovation urbaine peuvent en effet engendrer de nombreuses problématiques pour les habitants et commerçants de Roubaix : non-recours aux aides, relogement, travaux, appartements trop petits… ce qui soulève des questions de gestion essentielles. À savoir : comment faire remonter les besoins de tous les habitants concernés par le renouvellement urbain à Roubaix, assurer le lien entre ces derniers et les services techniques de la ville, mettre en place un suivi individualisé des ménages… ? 

La Maison du Projet aspire aussi à déployer d’autres dispositifs d’animation territoriale et de participation citoyenne pour traiter d’autres thématiques, par exemple économiques ou sanitaires.

Comment ?

Après deux ans et demi de travail et de préparatifs de la part des agents municipaux, notamment pour l’achat et la décoration du camion, la Maison du Projet a été confiée à la Direction Politique de la Ville pour une mise en œuvre au cours de l’année 2023. Une fois l’achat et la conception finalisés, le camion de la Maison du Projet a fait naître les permanences itinérantes, au cours desquelles les animateurs se déplacent directement auprès des publics pour les sonder et faire remonter leurs demandes. Ils investissent en parallèle les structures de proximité des quartiers pour y organiser des permanences fixes. 

Parmi les autres outils complémentaires qui ont été déployés pour la Maison du Projet : un plan de communication, avec notamment un site web dédié à la rénovation urbaine de Roubaix, et une programmation événementielle avec des ateliers collectifs à venir. En plus du temps consacré par les équipes municipales, le financement des postes de coordinateur de projet et de référent-animateur a créé une véritable interface humaine entre les services compétents et la direction politique de la ville.

Quel bilan ? 

Les élus ont validé la feuille de route concernant la Maison du Projet mais aussi tout le volet d’animation territoriale qui en découle. Les permanences ont pu débuter le 13 juin, permettant déjà la mise en relation du binôme animateur-coordinateur et de centaines de ménages, dont les problématiques seront suivies par les acteurs du quartier. Elles continueront d’avoir lieu chaque semaine dans les quatre quartiers ciblés.

Le projet en photos

 

 

L’interview de Mme Julia Camus, chargée de mission démocratie participative à la direction politique de la ville, M. Karim Chouiref, coordinateur de la Maison du Projet,  M. Mehdi Bensadok, référent-animateur de la Maison du Projet.

1. Comment procédez-vous pour faire remonter les besoins et faire face aux difficultés des habitants ?

Mme Camus : Suite aux diagnostics en marchant réalisés l’an dernier, nous avons identifié les problèmes qui reviennent régulièrement. Ils concernent généralement le cadre de vie, la propreté urbaine ou encore la gestion par les bailleurs sociaux. Pour vous donner un aperçu plus concret de notre gestion de proximité, nous pouvons débloquer des dépenses supplémentaires en lien avec ces projets de rénovation urbaine. Ainsi, si l’on constate, dans les territoires ciblés par le NPRU, des situations de délaissement urbain accru, notre enveloppe nous permet par exemple d’augmenter la fréquence du ramassage de déchets. En fait, les situations que vivent les habitants nécessitent parfois des modes de gestion transitoire, par exemple lorsque les travaux débutent en milieu occupé. Cette gestion transitoire est un enjeu très important de l’aménagement du territoire et de l’animation des quartiers. 

M. Chouiref et M. Bensadok : Sur le terrain, en tant qu’animateur et coordinateur,  nous rencontrons les habitants qui nous communiquent leurs difficultés et leurs attentes. Ensuite, nous interpellons les partenaires pertinents sur les questions qui nous ont été posées, et maintenons en parallèle un suivi régulier avec les ménages concernés. Nous avions déjà avant ça prospecté sur place, notamment en distribuant des flyers avec nos coordonnées. Nous sommes constamment en contact avec la maison de l’insertion et de l’emploi, la mission locale, les entreprises d’insertion, les centres sociaux… En organisant ces partenariats nous-mêmes, nous proposons une solution concrète à l’isolement et aux non-recours.

2. Et comment faire pour gérer ce projet sur quatre quartiers différents, au quotidien ?

M. Chouiref et M. Bensadok : Le NPRU est un projet de territoire et pas un simple projet de ville. Il faut donc en effet appréhender les réalités différentes que vivent ces territoires. L’Alma est un quartier ancien, l’Epeule comporte un grand nombre de commerces, la Pile est un territoire plus résidentiel… leurs besoins et contraintes ne sont pas les mêmes. La gestion de ces quartiers repose donc toujours sur une coopération appuyée avec les différents partenaires qui y sont implantés. Nous avons ainsi organisé des réunions avec des centres sociaux, des associations, des mairies de quartier, des comités de quartier, des clubs de prévention…

Concernant les permanences que nous mettons en place, notre camion nous a rendus mobiles :  nous allons de plus en plus directement vers les habitants des quatre quartiers. Nous nous rendons aux différents évènements locaux, où nous pouvons échanger avec eux, et répondre à leurs questions sur le réaménagement, le logement ou l’insertion. Par exemple, nous faisons les marchés de ces quartiers les dimanches, samedis et mercredis, et nous mettons en place des ateliers de concertation. Il s’agit d’identifier les temps forts de la ville tels que la fête des jardins, ou celle des voisins, pour favoriser les échanges et la participation.

3. Quelles sont, après le récent démarrage des permanences, les prochaines étapes du projet ?

M. Chouiref et M. Bensadok : Nous allons continuer de recueillir les impressions et besoins des habitants , de constituer notre réseau d’acteurs-experts, et nous réfléchissons en ce moment à la programmation des prochains ateliers thématiques collectifs, qui pourront traiter de questions économiques ou sanitaires selon les besoins et les ressources des habitants. Plus globalement, nos objectifs sont définis par les situations concrètes du quotidien qui nous sont exposées : nous échangeons avec des locataires de commerces qui doivent quitter le quartier à cause de rachats, des familles vivant à 6 dans un logement T3, des locataires qui doivent être relogés ou bien composer avec des travaux… L’enjeu principal à court terme est donc de recréer le lien avec les habitants, pour qu’ils puissent exercer leurs droits et pour amoindrir leurs difficultés.

Mme Camus : Et si l’enjeu initial de la Maison du Projet est d’informer sur les mutations urbaines, elle permet aussi de créer des dispositifs de gestion locale efficaces, reposant sur des principes de démocratie locale. J’ai moi-même été sollicitée sur ce projet en tant que chargée de mission “démocratie locale et participative”, dans la mesure où il s’agit là d’un enjeu indissociable de la communication avec les habitants et du solutionnement de leurs problèmes. 

Nous entendons donc continuer d’utiliser l’aller-vers pour rallier les habitants à d’autres projets de la ville, pour mobiliser sur de nouveaux dispositifs de consultation et de participation. La Maison du Projet ne sera plus seulement un outil pour accompagner la rénovation urbaine, mais, à terme, elle deviendra un outil qui, en vue d’animer et d’aménager le territoire, favorise toujours la participation citoyenne et le contact de proximité.

©Crédit photos : Ville de Roubaix

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Roubaix
  • Département : Nord
  • Région : Hauts-de-France
  • Population : 98 087 habitants
  • Maire : Guillaume Delbar
  • Site internet : Site de la ville
  • Le Nouveau Programme de Renouvellement urbain entend poursuivre des actinos de rénovation entre 2020 et 2027
  • 21 % de la population communale concernée par ce renouvellement, soit environ 32 000 habitants recensés sur quatre quartiers.
  • Environ 80 000 € ont été injectés par la ville pour l’embauche du référent-animateur et du coordinateur de projet.
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