Floirac : un service de médiation au cœur de la politique de la ville

 

À Floirac, c’est en 2015 que l’on assiste à la naissance d’un nouveau service de médiation, placé au cœur de la politique de la ville. Cette initiative, en répondant à un véritable besoin de médiation et de proximité de la part des habitants, permet depuis maintenant sept ans d’institutionnaliser la notion de médiation comme un réel mode de régulation sociale.

Pourquoi ?

Une politique cohérente et efficace de médiation semble essentielle dans la conduite d’une politique de la ville. La municipalité de Floirac en est d’ailleurs l’illustration parfaite : la ville a placé au cœur de sa politique un service de médiation pragmatique et approfondi, pour proposer à tous les habitants les services d’une équipe municipale chargée de jouer le rôle d’intermédiaire dans le cadre d’un conflit, d’une difficulté, mais aussi dans la conduite d’un projet ou d’une action individuelle ou collective. Ce dispositif permet à la ville de mieux comprendre les problématiques du quotidien, en favorisant le lien social, par un intermédiaire neutre. C’est sur une logique d’échange que repose ce dispositif, et force est de constater que cela fonctionne !

Ce dispositif s’inscrit dans une démarche de la ville plus globale qui vise à améliorer le sort des habitants, en particulier ceux vivant dans les QPV. Ce nouveau schéma de gouvernance de la politique de la ville, incluant une politique de médiation aboutie, présente un enjeu majeur d’équilibre entre réalité, ambitions et moyens.

C’est également un réel besoin de mieux comprendre la politique de la ville qui se faisait ressentir. Répondre à ce besoin en ayant recours à ce service de médiation a permis à la municipalité de poursuivre de manière plus cohérente ses objectifs.

Comment ?

Ce service de médiation a, dès sa naissance, pris une organisation particulière. En effet, plusieurs acteurs humains et logistiques jouent un rôle-clé dans le fonctionnement de ce service. Une équipe mixte composé d’une vingtaine d’agents, mais aussi de véritables structures d’accueil, trois véhicules et des locaux pour favoriser les rendez-vous en mairie… Tous ces acteurs permettent le bon fonctionnement du service de médiation, et donc une politique de proximité efficace et cohérente.

L’initiative des « salles de citoyenneté » illustre parfaitement l’efficacité de cette politique. En créant des structures d’accueil dans les QPV, et en en réservant l’accès sur certains temps d’ouverture aux jeunes de 12 à 17 ans, ce dispositif présente alors un véritable atout pour certaines populations.

De plus, en pratique, certains dispositifs mis en place par le service de médiation auprès des 16-25 ans permettent des engagements liant ce public à la collectivité. Formations aux métiers de l’animation pour travailler dans le centre de loisir de la commune, assurer des gardes d’enfants, ou encore bénéficier d’un (gros) coup de pouce dans l’obtention du permis de conduire, sont autant d’aides concrètes et déterminantes pour les jeunes adultes.

Aussi, c’est l’articulation de différents dispositifs que sont le CLSPD et la TFPB par le responsable du service Médiation qui permet de garantir une cohérence globale.

Enfin, comment ne pas évoquer le rôle de l’équipe de 4 médiateurs, qui interviennent partout sur la commune, adaptant souvent leurs horaires de travail pour s’adapter à certains contextes spécifiques dans les QPV. Observation, analyse, participation, accompagnement… sont autant d’actions qui rythment le quotidien des médiateurs dans leur rôle d’intermédiaires pour la population.

Quel bilan ?

L’efficacité du dispositif n’est pas en reste. Ce service de médiation occupe une position centrale et stratégique dans la conduite de la politique de la ville. Il permet une meilleure prise en compte des difficultés quotidiennes des habitants, anciennes ou nouvelles. Les réponses qui y sont apportées y sont logiquement plus adaptées et plus efficaces. Mais ce service présente une autre qualité majeure : il permet la restauration et la création d’un lien social. Comme en témoignent les dispositifs mis en place pour les 16-25 ans, un vrai lien se crée entre les bénéficiaires de ces dispositifs et la collectivité.

 

Le projet en photos

© 2021 — Floirac / Service communication de la ville de Floirac

 

L’interview pour aller plus loin

Entretien croisé avec Célia Constant, directrice Développement Socio-territorial et Politique de la Ville
e
t Philippe Mas, chef de projet Politique de la Ville

 

         

 

Pourquoi, selon vous, est-il essentiel de continuer à mettre en place des dispositifs de médiation au sein des QPV ?

Nous pensons qu’il est essentiel de développer des dispositifs de médiation en QPV afin de favoriser le bien-être et le bien-vivre des habitants. La médiation est en effet un outil qui permet de réguler des situations conflictuelles du quotidien, de favoriser l’accès aux droits, de rendre lisibles les actions déployées. Cela nous permet aussi de répondre à des problématiques sociales et économiques, de développer des démarches de prévention, de lutter contre le sentiment d’insécurité. Notre spécificité réside dans notre volonté de travailler ces problématiques de manière transversale et partagée avec un ensemble de partenaires et en associant les habitants.

 

Avez-vous ressenti une demande particulière des Floiracais.e.s à cet égard ?

La demande principale dans un premier temps, d’un point de vue politique, était de trouver une réponse rapide, visible et efficace… La médiation, dans un second temps, est devenu un outil et une réponse institutionnelle. Concernant la population il semblerait qu’il y avait un intérêt fort à trouver des relais institutionnels afin d’être accompagnés dans la résolution de problématiques de vie quotidienne. La proximité des médiateurs permet de mieux appréhender les difficultés rencontrées par nos administrés et réduit le temps de latence entre différents intermédiaires dans certaines procédures administratives. Il semblerait en effet que les administrés, dans ce rapport, se sentent plus acteurs. L’évolution des chiffres des actions de médiation montre une réelle appropriation par les habitants et confirment le besoin.

 

Que peuvent attendre les Floiracais.e.s de tels dispositifs de médiation ?

Notre objectif est d’individualiser les accompagnements et d’apporter une réponse qui soit la plus pertinente possible. La médiation représente pour les habitants une « justice simplifiée » pour de nombreuse affaires et conflits. Nous veillons à ne pas déterminer une responsabilité mais bien au contraire à faire participer et à construire avec chacun des protagonistes une nouvelle relation afin d’éviter le renouvellement de conflits.

Bonafé-Schmitt définit la médiation ni comme une négociation, ni comme la résolution de conflits mais comme une : « – action accomplie par un tiers – entre des personnes ou des groupes qui y consentent librement, y participent et auxquels appartiendra la décision finale – destinée soit à faire naître ou renaître entre eux des relations nouvelles, soit à prévenir ou guérir entre eux des relations perturbées ».

Nos postures de travail s’inscrivent dans cette dynamique. L’action de la médiation permet aussi aux habitants d’être reconnus, entendus, comme acteur dans la ville. En étant facilitateurs et incitateurs, nous veillons à développer un sentiment d’appartenance qui doit permettre à chacun de se sentir citoyen de sa ville.

 

En tant que directrice du Développement Socio-territorial et Politique de la Ville de Floirac, comment appréhendez-vous le futur de ces projets de médiation ?

Si les questions de l’insécurité, de la délinquance et de la violence urbaine ont défini le cadre dans lequel évolue les médiateurs, nous notons que la médiation à Floirac déborde largement sur des thèmes liés aux différentes formes d’exclusion. Le concept du vivre ensemble reste notre fer de lance concernant la démarche de médiation. À Floirac, la médiation prend tout son sens dans le rapport à l’autre à travers l’accueil, l’écoute, l’orientation. La médiation agit et se traduit dans tous les domaines intermédiaires (éducation, transport, habitat social, santé, insertion culturelle et sociale…). L’enjeu pour nous est de réussir à maintenir la proximité et la cohérence de nos interventions en faisant rayonner une culture de travail transversal et partenarial dont l’objectif est de favoriser le mieux vivre des habitants des QPV.

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Floirac
  • Département : Gironde
  • Région : Nouvelle-Aquitaine
  • Population : 18 278 habitant.e.s
  • Maire : Jean-Jacques Puyobrau
  • 2015 : Création du service de médiation
  • 19 : Nombre d’agents qui composent le service de médiation
  • 100-150 : Nombre d’adhérents par an au dispositif des salles de citoyenneté
  • Entre 15 et 20 : Nombre de permis en grande partie financés par le dispositif permis de conduire citoyen
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