Dynamiser l’emploi et l’activité dans les quartiers

François Lamy en était convaincu : l’avenir des quartiers et de ses habitants, jeunes et moins jeunes, devait passer par un retour de l’activité et de l’emploi. Il en avait donc fait un pilier de sa nouvelle politique de la ville.
Najat Vallaud-Belkacem lui emboîte le pas avec un arsenal de mesures ; 4 priorités de sa « feuille de route » sont exposées dans sa lettre aux maires du 25 avril dernier. Retour sur la logique de ce plan de bataille et les points forts des dispositifs proposés.

Investir dans les quartiers

Contrairement aux idées reçues, les quartiers de la politique de la ville ont souffert durant 30 ans d’un sous-investissement public. C’est l’ANRU et la rénovation urbaine qui ont permis et commencé d’inverser la tendance, avec les quelques 40 milliards d’euros levés par le Plan Borloo. Dans le cadre du nouveau PNRU, l’Etat investira 5 milliards d’euros avec un effet levier escompté de 15 milliards supplémentaires. Dans ce contexte, l’action « Ville durable et solidaire » du programme d’investissements d’avenir (PIA), l’ANRU disposera d’une enveloppe de 250 millions d’euros destinée à financer les investissements économiques dans les quartiers prioritaires.
Par ailleurs, avec le PIA, l’Etat et la Caisse des dépôts consacreront, sur la période 2014-2020, 600 millions d’euros pour lever des investissements privés et co-investir dans des projets structurants, d’ordre économique comme des pépinières d’entreprises, ou d’ordre social, comme des maisons de santé.

Renforcer les territoires contre le chômage

Jusqu’à présent, les politiques de l’emploi étaient des politiques nationales et le service public de l’emploi, se voulant universel, se refusait à faire la différence entre les territoires, ou entre les quartiers des agglomérations.
Les choses ont commencé à changer à partir de la concertation nationale pour la réforme de la politique de la ville menée par François Lamy (octobre 2012 à janvier 2013), et avec les engagements pris par Pôle Emploi.
Aujourd’hui le réseau des agences de Pôle Emploi et des Missions locales se renforce dans les quartiers, avec l’ouverture d’agences comme à Clichy-sous-Bois ou l’affectation de 400 emplois aux agences des quartiers prioritaires. Et la ministre vient d’annoncer, au moment de la visite du Président de la République à Villiers-le-Bel, une plus forte territorialisation de la politique de l’emploi : du travail en alternance, des emplois d’avenir et des contrats aidés. C’est donc localement et au plus près de leurs bénéficiaires, reconnus comme peu mobiles, que devront être proposés des parcours d’accès à la formation et à l’emploi.
Une analyse des difficultés de la montée en charge des emplois francs est en cours et des mesures seront prises prochainement pour activer ce levier.
Son objectif : réduire de moitié en 5 ans le sur-chômage des quartiers de la politique de la ville (18 points d’écarts aujourd’hui).

Accompagner la création d’activité

François Lamy avait présenté un plan « entrepreneurs des quartiers » au Conseil des ministres du 11 décembre dernier avec pour double objectif : d’une part l’investissement pour le développement économique des quartiers prioritaires, d’autre part, l’information et l’accompagnement des projets de création d’entreprises.
Dans ce registre, des centres d’affaires étaient annoncés dans les quartiers (voir notre article du 4 mars) et les réseaux d’accompagnement (boutiques de gestion d’entreprise, Association pour le droit à l’initiative économique, Initiative France) se voyaient renforcés.
Il avait été décidé que la BPI (Banque Publique d’Investissement) doublerait le montant du prêt à la création d’entreprise (passant de 7.000 euros à 14.000 euros), et faciliterait la garantie aux prêts bancaires aux entreprises des quartiers populaires.
Un meilleur appui à la création d’entreprise était annoncé, avec le soutien de BPI France, dans le cadre du plan « Entrepreneurs des Quartiers ».
« Je donnerai au plan entrepreneurs des quartiers les moyens de se déployer », écrit aujourd’hui la ministre, qui veut permettre aux jeunes dénués de moyens de mener leur projet de création d’entreprise. Des mesures seront annoncées d’ici l’été pour les aider dans leur projet d’entreprise.
Enfin, la question des zones franches urbaines sera tranchée au cours de l’été, dans le rapport qui sera présenté au Parlement consacré aux actions en faveur de la politique de la ville.

Prévenir et combattre les discriminations à l’embauche

Dans son courrier adressé aux maires, la ministre de la Ville met également l’accent sur la lutte contre les discriminations à l’embauche et dans l’emploi. Notamment via le développement de l’alternance et le renforcement de l’accès des résidents des quartiers prioritaires aux contrats aidés.
La convention avec le ministère du Travail, de l’emploi et du dialogue social, signée en avril 2013, doit faire l’objet d’un point d’étape avec François Rebsamen à la rentrée 2014.
Un travail sera mené pour faire évoluer les représentations réciproques des jeunes des quartiers et des entrepreneurs. Les dispositifs de parrainage seront développés et confortés pour compenser l’absence de réseaux professionnels des jeunes des quartiers. Et une étude a d’ores et déjà été commandée par la ministre sur les difficultés spécifiques des femmes des quartiers dans l’accès au marché du travail.
Enfin, le sujet des discriminations à l’emploi sera inscrit au programme de la Conférence sociale de l’été.

 

 

Liens :
notre article du 4 mars 2014

http://www.ville.gouv.fr

Documents disponibles :
– Infographie – Une nouvelle feuille de route pour la politique de la ville
– Lettre aux maires de la Ministre