Les Ateliers Maniv’ELLES d’Ivry-sur-Seine

« Les Ateliers Maniv’ELLES d’Ivry-sur-Seine »  

À Ivry-sur-Seine, la mairie accompagne nombre de ses associations, que ce soit à travers la mise à disposition de locaux, en les accompagnant dans l’obtention de subventions, mais aussi en les aidant à communiquer sur leurs projets.

En soutenant la « Cyclofficine d’Ivry », la ville accompagne ses citoyens vers une autonomie dans la pratique du vélo. Cette association, axée sur la réparation de vélos, a créé plusieurs types d’ateliers pour rendre le vélo accessible à tous.

À l’origine, il s’agissait de cours et d’ateliers de mécanique en réparation de vélo destinés à tous. Mais au fur et à mesure, grâce au soutien de la mairie, l‘association a pu mettre en place différents dispositifs afin de toucher de plus en plus de personnes et particulièrement le public féminin.

 

Pourquoi ?

L’objectif de cette association était au départ de former le public à la réparation de vélos et à la mécanique de base pour une accessibilité à tous.  Car devoir faire réparer son vélo peut représenter un coût important.

Ces ateliers avaient pour buts initiaux d’encourager le partage des connaissances, les mobilités douces et de déconstruire les préjugés sur les capacités des femmes en termes de mécanique.

Voici plusieurs années, dans le cadre des actions politique de la ville, la mairie a aidé la Cyclofficine d’Ivry dans les démarches administratives pour la mise en place d’un atelier réservé aux femmes, l’atelier « Maniv’Elles »    et a soutenu pour que l’ensemble du projet puisse se réaliser.

Cette idée est partie d’un constat : « lorsqu’il y a des hommes à l’atelier, ils prennent souvent la place des femmes pour assurer les réparations, les aider etc.. »
Cette attitude n’est pas dans la vision du projet associatif, l’idée de base étant que chacun puisse mettre la main à la patte et réparer un vélo sans être assisté. La mixité ne semblant pas favoriser un apprentissage égal, l’association a pris le parti de créer des ateliers uniquement féminins (ou non masculins). D’autant plus que le domaine de la mécanique est largement considéré comme un milieu typiquement masculin, ce qui implique que les femmes s’interdisent d’essayer et ne pensent pas en être capables.

Le fait d’avoir un lieu dédié avec une pédagogie adaptée pourrait favoriser cet apprentissage. L’idée n’est pas forcément, à terme, de rester entre femmes, mais de découvrir la mécanique et le monde du vélo entre elles et de basculer ensuite vers des ateliers mixtes.

Cette association a fait le choix de lutter pour une égalité entre les femmes et les hommes en se tournant vers le principe de « mixité choisie »*.


* La mixité choisie est une pratique proche de la non-mixité, la seule différence étant l’inclusion de plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés ou discriminés au lieu d’un seul.

 

Comment ?

L’association a été créée en 2010 et s’est installée à Ivry-sur-Seine en 2013 en y mettant en place son atelier au numéro 6 du boulevard Brandebourg, dans des locaux prêtés par la mairie.

La ville a financé en 2020, la vie, les actions et ateliers de la Cyclofficine d’Ivry. Lors de ces ateliers, les vélos utilisés par la Cyclofficine d’Ivry viennent principalement de la ville et ses environs, ce sont parfois les bailleurs sociaux ou encore les syndicats de copropriété qui appellent l’association pour venir « sauver » des vélos abandonnés. Certains sont démontés et leurs pièces servent alors à réparer d’autres vélos. Ceux qui peuvent être réparés le sont, et ensuite vendus à un prix solidaire pour favoriser la pratique cycliste.

Pour participer aux ateliers de réparation, il suffit d’adhérer à l’association. Les ateliers exclusivement féminins n’ont lieu qu’une fois par mois. À travers ces ateliers réservés, les femmes prennent confiance en elles plus rapidement et se rendent compte qu’elles sont tout à fait capables de faire de la mécanique. S’ouvrir à ces activités, leur permet alors d’arriver à déconstruire leurs propres préjugés. Les bénévoles sont ici accompagnants, ils montrent et expliquent comment s’y prendre, et il est important dans ce processus que les participantes y arrivent par elles-mêmes.

Malgré toute l’organisation mise en place par la Cyclofficine d’Ivry avec l’aide de la mairie, une part de la population restait « en dehors », et n’était pas touchée par ce type d’activités : les femmes adultes ne sachant pas faire de vélo.
En effet, il existe nombre de personnes qui n’ont jamais eu l’occasion d’apprendre et qui atteignent l’âge adulte sans savoir pratiquer.
Ainsi, pour aller encore plus loin dans l’idée d’autonomie des femmes en matière de vélo, l’association a décidé de mettre en place le projet « Manivelles de A à Z » en partenariat avec d’autres associations d’Ivry-sur-Seine pour développer un projet encore une fois dédié aux femmes et plus particulièrement à celles des quartiers politique de la ville. Il ne s’agit plus seulement de mécanique, car le programme est plus riche :  cours de vélo, de mécanique, et de balades … Il s’agit donc d’une véritable formation vers la « vélonomie » (autonomie à vélo).

 

Le projet en photos

©Cyclofficine d’Ivry

Premier bilan

Au cours de ces dernières années, l’association a pu répondre aux objectifs fixés en organisant différents types d’ateliers et en intégrant toujours plus de public à sa démarche.
Les ateliers exclusivement féminins ont permis à quelques habitantes d’Ivry-sur-Seine de déconstruire leurs propres préjugés et de prouver leur propre capacité à faire de la mécanique, aussi bien que les hommes. Les ateliers « Manivelles de A à Z » fonctionnent depuis 2019 et ont accueillis à ce jour, une dizaine de femmes des quartiers politique de la ville en leur offrant la possibilité d’apprendre à faire du vélo, à être autonomes pour la réparation et la circulation en ville avec leur propres vélos.
Côté public comme côté financeurs les retours sont positifs et tous semblent satisfaits de la Cyclofficine d’Ivry.

Cette « activité » a permis un véritable maillage entre les associations de la ville.

 

Interview de Christèle, coordinatrice d’atelier de la Cyclofficine d’Ivry:

1) Quel a été votre rôle dans le projet ateliers « Manivelles de A à Z » ?

Je suis la salariée de la Cyclofficine d’Ivry et nous pouvons dire que l’atelier Manivelles de A à Z est mon projet. L’idée est venue de l’envie de creuser encore ce qui était déjà exploré par les ateliers Maniv’ELLES. Il fallait vraiment aller le plus loin possible dans l’autonomie et pouvoir toucher de nouvelles personnes. Que ces femmes puissent apprendre à faire du vélo, participer aux balades mais aussi réparer elles-mêmes leurs vélos en apprenant la mécanique, c’était mon idée de l’autonomie.
Mon rôle a donc été de faire des demandes de subventions avec l’aide de la mairie, créer des liens avec d’autres associations afin de mettre en place ce nouvel atelier. Maintenant que le projet est en place, je continue de le porter et de le soutenir au quotidien en accompagnant les participantes dans les différentes étapes.

 

2) Comment s’est développé le projet, de sa conception à sa mise en œuvre ?

Nous avons pu bénéficier de l’aide de la ville qui nous a soutenu dans la création du projet, mais surtout dans l’obtention des subventions pour créer ce nouvel atelier.
J’ai donc pu contacter les associations qui pouvaient être intéressées : la MDB (Mieux se Déplacer à Bicyclette) et la Vélo-école.
Ces deux associations se sont tout de suite montrées très intéressées. La Vélo-école a beaucoup aimé l’idée de pouvoir  en faire bénéficier  à des personnes qui n’en ont pas forcément les moyens. Alors nous avons échangé tous ensemble, organisé des réunions. Et le projet a vu le jour.

La mise en place concrète du projet, passe d’abord par une sélection de 5 participantes. Ce sont généralement des habitantes des quartiers politique de la ville avec de faibles revenus. On commence par leur apprendre à faire du vélo par le biais de la Vélo-école  une quinzaine ou vingtaine de cours (selon les personnes). Ces cours ont lieu le samedi matin et les participantes au projet sont intégrées lors de ces cours avec les autres « élèves » de la Vélo-école. Une fois qu’elles savent faire du vélo, on met en place 3 ou 4 sessions de formations vélo à l’atelier de la Cyclofficine d’Ivry, où on leur apprend la mécanique de base pour réparer leur vélos. Quand les sessions de « cours » sont terminées, on leur fait faire des promenades (avec la MBD) pour les éduquer à la circulation en ville, aux pistes cyclables. Parce que le but est que les participantes puissent ensuite circuler librement en ayant connaissance des possibilités et des aménagements.
D’autant plus qu’à l’issue de cette formation, un vélo est offert à chacune des participantes.

 

3) Quels sont les retours ?

De mon côté, je suis très fière de ce projet parce que c’est très gratifiant de permettre des découvertes comme celle-ci à des adultes. On les sort de leur quotidien, on leur offre une bouffée d’oxygène. On valorise les compétences et on les transmet sans passer par quelque chose de monnayable. À mes yeux, c’est un projet qui valorise le partage : « si vous savez le faire, vous allez montrer aux autres comment faire ».

Pour certaines, c’est une sorte de révélation. Le fait d’apprendre à faire du vélo leur a beaucoup plu. D’autres, ont également eu cette sensation, mais plutôt pour le côté mécanique. Je pense à deux femmes en particulier qui maintenant, viennent de temps en temps aider à l’atelier de la Cyclofficine d’Ivry, en tant que bénévoles. Elles font désormais partie du programme.
D’autant plus que ce projet va bien au-delà du simple fait de faire du vélo. On crée des liens, on tisse des relations au sein d’une communauté mais on se donne aussi une certaine forme de liberté.
Le plus intéressant à mes yeux, c’est de les voir découvrir la mécanique et surtout de les voir comprendre qu’elles sont  largement capables de s’en sortir.

Pourtant, il peut être très difficile aussi d’apprendre quand on est adulte. Il peut être frustrant et vexant de ne pas y arriver dès le début et difficile de passer au-delà de la peur que certaines ont…
C’est certainement pour cela que certaines ne reviennent pas. Pour celles-ci, l’intérêt était peut-être juste d’apprendre à faire du vélo, mais le reste, la mécanique, ne les intéressaient pas. Il faut garder en tête que l’on travaille avec des personnes qui peuvent avoir une certaine charge mentale ou des problèmes de santé,  pour qui ce type d’atelier peut se révéler difficile.

 

 

Fiche d'identité de l'agglomérationLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Ivry-sur-Seine
  • Département : Val-de-Marne
  • Région : Ile-de-France
  • Population : 62 052 hab
  • Maire : Philippe Bouyssou
  • Site internet : https://www.ivry94.fr/
  • entre 15-18 bénévoles plus ou moins réguliers
  • environ 460 adhérents en 2019
  • Manivelles de A à Z = 18-20 cours de vélo + 5 ateliers formations + 3 balades sur Ivry
  • Cyclofficine en 2020 :  60 ateliers dans la rue et sur l’atelier fixe
  • Chaque année depuis 2019, ce sont 5 femmes qui bénéficient du projet
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