Les 9 enseignements du dernier rapport de l’ONZUS


Création de la loi Lamy, l’Observatoire national de la politique de la Ville remplace l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) depuis le 1er janvier dernier. Celui-ci a donc rendu sa dernière livraison le 6 mai avec ce rapport 2014. En 9 grands traits, portrait-robot des territoires qui seront encore le cœur de cible de la nouvelle politique de la ville.

1. Pauvreté

Avec un revenu fiscal moyen de 12 752 €, équivalant à 54% de celui de l’ensemble des habitants de leurs unités urbaines, 59 % des ménages non imposés (contre 37 % au sein de leurs agglomérations), et 3 fois plus de personnes en deçà du seuil de pauvreté (38,4% contre 12,2%), les ZUS se caractérisent avant tout par leur pauvreté. Un phénomène qui touche aussi massivement les jeunes et les enfants, et qui légitime a posteriori le critère ayant servi d’indicateur à la définition de la nouvelle géographie prioritaire.

2. Chômage et inactivité

Le taux de chômage global s’avère plus que 2 fois supérieur en ZUS (23,2% contre 9,3 ailleurs). Celui des jeunes (42,1 contre 22,6%) et des personnes immigrées (28,1%) y reste à des niveaux élevés. Et l’inactivité des femmes y atteste des difficultés rencontrées par elles en confirmant un mouvement de « retrait partiel » du marché du travail. Face à cette situation, il est remarquable que 12,2 % seulement des personnes bénéficiant d’un contrat aidé (CUI ou contrat d’avenir) résident en ZUS. La détention d’un diplôme d’études supérieures ne réduit la vulnérabilité face au chômage des jeunes, des femmes  ou des personnes immigrées.

3. Echec scolaire

Les ZUS se caractérisent par une très faible mixité sociale à l’école et au collège, où les enfants de milieux défavorisés restent très majoritaires. Si les ¾ des élèves de ZUS obtiennent le brevet des collèges (soit 8 à 9 points de moins que dans le reste de l’hexagone), 27,1% seulement des élèves de ZUS entrés au lycée, s’orientent vers une 1ère générale (contre 40,4% ailleurs). Dans ce contexte, la majorité des établissements de ZUS relevant de l’éducation prioritaire, les effectifs par classe y sont un peu moins élevés et la dotation horaire plus favorable, mais les professeurs plus jeunes et moins expérimentés.

4. Santé plus fragile et renoncement aux soins

13,2 des résidents de ZUS se déclarent en mauvaise ou très mauvaise santé (contre 8,4 ailleurs). Tout aussi préoccupant : 27% (contre 18% ailleurs) d’entre eux disent avoir renoncé à des soins dentaires et 13 % à l’achat de lunettes (contre 10,2 ailleurs)… Tandis qu’ils sont 2 fois plus nombreux en ZUS à ne bénéficier d’aucune mutuelle complémentaire (12,4 contre 6,1%).

5. Incivilités et sentiment d’insécurité

Si les atteintes aux biens sont moins fréquentes en ZUS que dans le reste des circonscriptions de police (40 contre 47%), les atteintes aux personnes le sont légèrement plus (13,5 contre 12,9%). Et le phénomène gagne les zones de gendarmerie, où les atteintes aux personnes ont crû de 13,7%. Mais les incivilités comme le trafic ou la consommation de drogue (plus répandues et banalisées en ZUS ?) ont moins d’impact sur le sentiment d’insécurité exprimé, 1,5 fois plus fort en ZUS que sur le reste du territoire.

6. Equipements sportifs, pratiques sportives

Au-delà de la très forte diversité de situations locales, les ZUS abritent moins de 3 % de l’offre nationale d’équipements sportifs pour 7 % de la population. Elles comptent en moyenne 22 équipements ou sites sportifs pour 10 000 habitants, contre 34 dans leurs unités urbaines. Mais les acteurs interrogés n’y voient pas la seule explication du déficit de pratique sportive dans ces quartiers : les faits économique, culturel et social, ou de genre, y ont aussi leur place.

7. Intercommunalités en politique de la ville

Les données disponibles permettent d’esquisser une analyse de la nouvelle géographie prioritaire. Ses 1 300 quartiers appartiennent à 700 communes, relevant de 370 EPCI répartis en 190 communautés d’agglomération et 160 communautés de communes. Ces dernières sont les plus nombreuses à ne compter qu’une seule commune en politique de la ville, mais ce sont les communautés urbaines qui rassemblent le plus souvent 5 à 10 communes dans ce cas.

8. L’avancée du PNRU

Fin 2013, 2/3 des PRU de première génération étaient achevés, et 85% des subventions engagées, 398 conventions pluriannuelles signées bénéficiant à 595 quartiers, dont 429 ZUS. Pour un montant total de 46,2 milliards d’euros, dont 25 % subventionnés par l’ANRU. Opérations se répartissant à peu près comme suit : 150 000 démolitions, 140 000 reconstructions, 340 000 réhabilitations et 360 000 résidentialisations.

9. Enquêtes et suivi des programmes de l’ACSé

L’ACSé a développé une série d’enquêtes auprès des structures financées concernant les principaux programmes qu’elle conduit. En 2014, ce sont ainsi 6 enquêtes, correspondant à 69 % des crédits d’interventions, qui ont été conduites et elles sont désormais accessibles sur le site www.lacse.fr. Quatre d’entre elles sont présentées dans le rapport : sur le  programme de réussite éducative, les ateliers santé-ville, les adultes-relais et les interventions en matière d’emploi et de développement économique (environ 200 M€ de subventions en 2013).

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