Lyon rejoint Ville & Banlieue

· Pourquoi avez-vous décidé d’adhérer à Ville & Banlieue ?

La Ville de Lyon est historiquement très engagée dans la politique de la ville depuis plusieurs générations de contractualisation.  Le contrat de ville est à l’échelle métropolitaine depuis les débuts de l’engagement de l’agglomération lyonnaise dans cette politique de solidarités territoriales, et tout en s’engageant dans la dynamique de l’agglomération la ville centre a dès les années 90 commencé également à mettre en place une politique spécifique à l’échelle de la Ville en faveur des quartiers prioritaires de Lyon. Des ressources humaines et financières spécifiques pour accompagner les projets se sont développées, et les politiques municipales dans leur ensemble (emploi insertion, éducation, culture, santé, sécurité prévention, cadre de vie, développement économique…) ont progressivement intégré les enjeux des quartiers prioritaires dans leurs priorités d’intervention. Au vu de la place importante occupée par la politique de la ville à Lyon, je pense que la Ville de Lyon aurait dû depuis bien longtemps adhérer à Ville et Banlieue qui est pour moi un acteur incontournable au niveau national.

Son travail de structuration de réseaux d’échanges entre élus, sa capacité à porter des propositions au niveau national émanant des élus locaux, les ressources qu’elle apporte à ses membres, constituent des atouts essentiels auxquels la Ville de Lyon souhaite désormais contribuer  en adhérant à l’association.

La crise sanitaire, sociale et économique frappe très durement nos territoires, les disparités territoriales déjà observées et les inégalités sociales subies en premier lieu par les habitants des quartiers prioritaires, sont désormais accentuées par cette situation d’une ampleur inédite.

 Après les taux de participation aux dernières élections municipales, particulièrement bas notamment dans les quartiers politiques de la ville, la volonté de la nouvelle municipalité est de relancer la participation des citoyens, en instaurant une démocratie de proximité, notamment à travers les conseils citoyens. Pour Lyon, il est essentiel que les habitants deviennent acteurs de la transformation de leur ville, tant est précieuse leur expertise d’usage et leur connaissance fine des usages sur ces quartiers.
La ville a également, la volonté de changer l’image de ces quartiers en mettant en valeur les énergies positives qui circulent dans ces quartiers : actions citoyennes, mobilisations des acteurs, solidarité, actions innovantes…

 Plus que jamais, il nous appartient de nous mobiliser collectivement pour porter ces enjeux au plus haut niveau avec l’Etat et Ville et Banlieue est pour moi un vecteur essentiel de cette mobilisation.

 

· Quelles sont les spécificités de votre territoire ?

Les QPV et QVA représentent 15 % de la population lyonnaise, caractérisés par un cumul de difficultés sociales, économiques, urbaines et environnementales. Les enjeux pour Lyon sont donc fondamentaux au regard des inégalités sociales et territoriales qui caractérisent la ville centre à l’image de l’agglomération.

Parmi les 9 QPV de Lyon, trois quartiers lyonnais font l’objet d’un Projet de rénovation urbaine signé avec l’ANRU dans le cadre du NPNRU : Duchère, Mermoz, Langlet-Santy.

Lyon est bien sûr une ville inscrite dans une forte dynamique de développement et bénéficie de beaucoup d’atouts, pour autant elle se caractérise aussi par de fortes disparités territoriales et certains quartiers nécessitent un fort accompagnement voire de profondes mutations afin de ne pas rester à l’écart de cette dynamique.

Nous avons à Lyon toutes les typologies de quartiers éligibles à la politique de la ville : des grands quartiers d’habitat social comme la Duchère dans le 9ème arrondissement ou Etats-Unis dans le 8ème, des quartiers de centre anciens paupérisés mais à identités fortes et soumis à une forte pression immobilière, des petites cités d’habitat social situées dans des arrondissements plus aisés comme le 5ème mais inscrits dans un fonctionnement enclavé.

Sur les neuf arrondissements de Lyon, 7 sont concernés par la géographie prioritaire du contrat de ville.

L’enjeu à l’échelle de la ville est de trouver les équilibres de développement et de mixité sociale permettant à Lyon de conserver cette diversité et une dynamique vertueuse qui puisse davantage bénéficier à ses quartiers populaires.

Notre priorité pour ce mandat est que ces quartiers puissent s’inscrire au premier plan dans la transition écologique et solidaire que nous portons pour Lyon.

 

· Pouvez- vous présenter un projet innovant que vous avez mis en place dans votre collectivité sur un sujet lié à la question de la banlieue / politique de la ville ?

Les quartiers prioritaires sont des territoires d’expérimentation particulièrement intéressants, pilotes sur certains sujets. Je pense par exemple à l’agriculture urbaine que nous souhaitons développer notamment dans le 8ème arrondissement et à La Duchère. Ces projets sont de véritables leviers permettant de travailler sur l’amélioration du cadre de vie, le développement des circuits courts, la création d’emplois, et la sensibilisation aux enjeux écologiques, avec des bénéfices sociaux, environnementaux et économiques majeurs. Comme tous nos projets développés dans le cadre de la politique de la ville, ils intègrent complètement le contexte, les identités, les forces en présence et les dynamiques de chaque quartier.

Dans les quartiers Mermoz et Langlet-Santy (8ème arrondissement), nous portons un projet prenant en compte le contexte foncier contraint, avec le développement d’une production agricole originale : micro-fermes d’aquaponie pour la production de poissons et de végétaux, culture verticale pour la production d’herbes aromatiques, ferme de production de champignons et d’endives bio dans des parkings souterrains. Au-delà de la question de la production, il s’agit de créer un lien fort avec les habitants avec la création d’une maison solidaire de l’alimentation qui proposerait une partie groupement d’achat, resto-café associatif, et cuisine solidaire, en lien avec le jardin partagé et le centre social.

Contrairement aux quartiers du 8ème arrondissement, La Duchère, par ailleurs labellisé éco-quartier depuis 2013, bénéficie d’espaces propices au développement d’une production maraichère. Ici, nous avons imaginé la création d’une halle agriculturelle, un lieu innovant, s’appuyant sur un modèle de gestion collectif associant habitants et acteurs locaux, et donc ouvert aux possibles.

Pour mener à bien ces projets nous attendons beaucoup des suites de notre candidature à l’appel à projet quartiers fertiles de l’ANRU.