Colombes, la promesse démocratique

Colombes, qui atteindra 90 000 habitants au cours de cette mandature, est la plus importante des villes de banlieues menée par un maire écologiste, en l’occurrence Patrick Chaimovitch.
La majorité municipale a placé son programme en équilibre entre les 3 piliers de l’écologie politique : la transition écologique, la justice sociale et une démocratie en actes.

Élection après élection, le constat se fait de plus en plus évident : les citoyens désaffectionnent les scrutins républicains, quand la demande de faire entendre sa voix est de plus en plus forte. Loin de délégitimer l’action politique, ces changements du rapport du politique au citoyen obligent réciproquement ; de nouvelles formes de liens doivent être créées, de nouvelles formes de relations inventées.

Il s’agit pour les élus de redonner un élan à leur action en plaçant la citoyenneté active en son cœur, par tous les moyens possibles.

La recherche en matière de participation citoyenne, les expérimentations locales, mais aussi le long compagnonnage des élu.es colombien.nes avec les mouvements d’éducation populaire orientent depuis cette première année de mandature chaque décision vers les premier.es concerné.es. Aucun domaine n’est exclu de ce lien : outils de communication municipaux, orientations en matière d’urbanisme, aménagement de l’espace public, réformes en matière de salariat, etc.

Communication

L’une des toutes premières actions de la municipalité a été de faire opérer un audit des moyens de communication qui lient la ville avec ses administré.es. Consulté.es en ligne ou dans l’espace public, plus de 1000 colombien.nes ont permis de questionner le sens d’une communication municipale locale ainsi que les outils qui en sont les vecteurs.

À l’issue de cette consultation d’une durée d’ 1 mois, à laquelle ont été associés agents et élu.es, la charte graphique a été complètement modifiée, les plans de communication redéfinis, le bulletin municipal entièrement réorienté. Son nom même a changé, lui-même soumis à une consultation où 800 personnes ont choisi « Vivre à Colombes » à près de 63% parmi une quinzaine de propositions.

Actuellement, 20 noms de personnalités sont soumis au choix des habitant.es pour dénommer 13 des rues du nouveau quartier de l’Arc Sportif.

Urbanisme

Colombes est une ville en pleine mutation, mais aussi en pleine expansion. Ses nombreux équipements sportifs sont en réhabilitation pour davantage d’ouverture à toutes et tous, le tramway traversera bientôt la ville et la précédente mandature a multiplié les permis de construire.

S’agissant de leur environnement, il a semblé indispensable aux nouveaux élus de lier les constructeurs à la ville en tant qu’entité administrative, mais aussi, et surtout, en un ensemble d’habitants. Ces derniers ont été largement associés à l’élaboration de cette charte, aujourd’hui en vigueur. Une consultation en ligne a vu plusieurs dizaines de contributions exigeantes s’ajouter au document martyr proposé. Ainsi, Colombes s’oriente, sous l’impulsion politique renforcée par les apports de ses habitants, vers une ville du sens, de la résilience, d’espaces partagés, de constructions durables et éthiques.

Management

La participation n’a pas que des vertus de lien vers l’extérieur, elle est un outil, moyen essentiel de la gestion bienveillante et éclairée du personnel.

Voici 4 ans, il a été décidé d’externaliser le ménage dans les écoles, les agents jusqu’alors en charge du nettoyage voyant leurs missions désormais concentrées sur l’accompagnement des enfants et la facilitation du projet pédagogique. 4 ans après, afin de connaître la suite à donner à ces orientations, la municipalité a souhaité les évaluer. Un questionnaire long et exhaustif a été transmis à l’ensemble des agents concernés et aux directeurs d’écoles sur les améliorations à apporter, pouvant aller jusqu’à une reprise en régie des missions de propreté.

Plus de 80% des interrogé.es ont répondu. Les items ont permis de préciser la répartition des missions, d’améliorer le fonctionnement actuel… mais ils ont également ouvert la possibilité de revenir au système précédent.

Démocratie locale

Il n’existe pas de démocratie locale sans instances représentatives et/ou consultatives.

Ainsi, les conseils de quartiers, mis jusqu’alors en sommeil, se sont vus relancés, confier des missions nouvelles au plus près de leurs acteurs, et redécoupés (passant de 5 à 9) dès qu’il a été possible de se réunir de nouveau. 50 personnes en moyenne se sont présentées dans les réunions inaugurales.

Un premier budget participatif a été créé au printemps dernier. 171 projets ont été imaginés et déposés par les citoyen.nes autour de deux axes essentiels : emprise dans l’espace public et d’intérêt général. Après un premier filtre, ils seront soumis au choix des colombien.nes à l’automne, pour une mise en œuvre dès début 2022. Une deuxième session sera lancée au printemps de cette même année.

À l’aube de la rentrée, d’autres instances consultatives permanentes sont en cours de création : personnes en situation de handicap, jeunes, etc.

Un premier bilan ?

Les périodes de confinement successives ont éloigné plus encore le citoyen des centres de décision. Ces 18 mois de crise ont renforcé la défiance à l’égard des politiques et auraient pu placer la mandature de l’équipe municipale de Colombes dans un immédiat délitement du lien avec les administré.es, d’autant plus important que la promesse et la nécessité de proximité sont fortes.

Au contraire, elles ont permis un lien plus direct, avec des outils adaptés, et donné l’impulsion d’un mandat en construction étroite avec celles et ceux auxquel.les s’adressent les politiques publiques.

    © participons.colombes.fr

 

Interview de Perrine Tricard, adjointe au maire déléguée à la Démocratie locale, à la Vie des Quartiers et à la Gestion Urbaine de Proximité

 

Mme Perrine Tricard, Adjointe au maire de Colombes

1) Quel a été le cheminement de l’équipe municipale dans la mise en place du dispositif de budget participatif ? À quels enjeux souhaitiez-vous répondre, et comment est-il né ?

Sur la base d’un bilan des instances réalisé en début de mandat, il est ressorti que des formats rigides d’instances (durée de mandat, listes figées de membres, tirage au sort…) associés à un manque de consultation ont engendré un essoufflement et une démobilisation flagrante de la participation. Par conséquent, notre équipe a impulsé une refonte du schéma de démocratie participative ce qui constitue un réel changement de paradigme pour Colombes.

Pour cela nous avons redécoupé la ville en 9 conseils de quartiers, privilégiant la proximité, et nous les avons ouverts à tous les habitants qui peuvent y assister quand ils le souhaitent. Nous avons également mis en place un Budget Participatif qui est un des moyens de développement de la démocratie participative, permettant à la population de s’impliquer dans la vie de sa ville en l’incitant à proposer des projets pour améliorer le cadre de vie. Par ces outils, nous souhaitons ouvrir des instances démocratiques à une population plus importante et parfois éloignée de la vie de la cité. Autre démarche nouvelle : l’Agora, lieu d’échanges et d’émergence d’idées, pour accueillir des démarches de participation thématiques.

De plus, le service démocratie locale a rencontré tous les autres services municipaux impactés par le dépôt des projets et leur suivi, renforçant ainsi le lien inter-administrations. Nous sommes conscients que l’implication de tous fera que le Budget Participatif sera une réussite.

Enfin, il nous a fallu établir une Charte qui détermine le type de projets pouvant être déposés, et qui prévoit, entre autres, un comité technique (étude de la faisabilité des projets) et un comité de suivi composé d’habitants et d’élus (majorité et opposition). Il nous a également fallu déterminer le montant que nous souhaitions octroyer à cette démarche, à savoir 1 million d’euros. Avec la mise en place de ces nouvelles instances, nous avons constitué un dossier pour candidater aux Trophées de la Participation et de la Concertation 2021, espérant ainsi que la ville de Colombes soit reconnue dans sa nouvelle démarche participative.

 

2) Le développement du projet a-t-il été freiné par la crise sanitaire ? Si oui, quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de sa mise en place ?

La crise sanitaire a compliqué le lancement mais n’a pas freiné ni retardé le projet. Ainsi, les réunions de préparations et de formation des agents sur la plateforme ont été faites en distanciel. Pour le lancement effectif en mars, nous avons davantage insisté sur une communication papier et réseaux sociaux auprès de la population, même si nous avons pu, de temps à autres, en fonction des restrictions, aller sur le terrain (sorties d’écoles, terrain de sport, squares, marchés).

 

3) La ville de Colombes s’est-elle inspirée de dispositifs similaires, mis en place dans d’autres municipalités ?

Effectivement, la première étape a été de rencontrer d’autres collectivités, nous permettant ainsi d’avoir des retours d’expériences pour nous aider dans la mise en place du dispositif afin d’éviter certains écueils. Nous avons également mené une étude sur les différentes plateformes qui existent afin de trouver la plus appropriée pour que les Colombien.ne.s puissent déposer leurs projets, commenter, voter, etc. Enfin, nous avons souhaité que les personnes éloignées du numérique puissent participer. Nous avons donc installé des urnes dans les médiathèques et Centres Sociaux Culturels lors de la période de dépôt des projets, et nous referons de même lors de la période de vote.

 

4) Comment l’annonce de l’instauration d’un budget participatif a-t-elle été accueillie par les habitant.e.s ? Avez-vous des premiers retours, notamment des utilisateurs de la plateforme participons.colombes.fr ?

Les habitant.e.s rencontré. es ont été très surpris et ont approuvé ce projet. La plupart ne connaissaient pas ce type de démarches. La bonne participation lors de la phase de dépôt des projets (8842 visites sur la plateforme, avec 1220 inscriptions) et 171 projets déposés est l’un des indicateurs de réussite, d’autant qu’un nombre conséquent a été déposé par des jeunes, public que nous souhaitions toucher.

 

5) Comment envisagez-vous l’avenir du dispositif au sein de la ville de Colombes ? Est-il amené à être reconduit d’année en année ?

Dans les semaines qui viennent, les Colombien.ne.s vont voter les projets qui ont été retenus par le comité technique, et en décembre, les résultats du vote seront annoncés. Nous souhaitons qu’au moins un projet soit retenu par quartier. Dès début 2022, les travaux pourront commencer pour que ce qui était projet devienne réalité ! Enfin, lors de la fin de cette première année, nous ferons un bilan et apporterons, si nécessaire, quelques modifications, mais le budget participatif sera reconduit d’année en année, afin de répondre au plus près aux souhaits des habitant.e.s.

 

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Colombes
  • Département : Hauts-de-Seine
  • Région : Île-de-France
  • Population : 86 052 habitant.e.s
  • Maire : Patrick Chaimovitch
  • Site internet : Site de la ville
  • Nombre de conseils de quartiers : 9
  • Budget alloué au dispositif participatif : 1M€
  • Nombre de visites cumulées sur la plateforme participons.colombes.fr : 8 842
  • Nombre de propositions déposées : 171
  • Mise en application du dispositif : 2021/2022
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