Une victoire d’étape pour le plan anti-décrochage scolaire du Gouvernement?

Diviser le nombre de décrocheurs par deux, de 140 000 à 70 000 par an : tel était l’objectif de François Hollande au début de son quinquennat, repris par Vincent Peillon au moment de l’élaboration la « loi pour la refondation de l’École de la République ».
Cinq ans après, le décrochage scolaire serait tombé sous la barre symbolique des 100 000, selon Najat Vallaud-Belkacem qui projette une réduction à moins de 80 000 pour la fin 2017.
L’occasion pour nous de dresser la liste des mesures prises au cours de la mandature, et de celles que vient d’annoncer la ministre de l’Éducation nationale.

« Décrocheurs » ?
Sont appelés « décrocheurs » les jeunes ayant quitté le système scolaire sans qualification équivalente au baccalauréat, au CAP ou au BEP (soit 140 000 jeunes chaque année et 620 000 en tout selon le gouvernement). Dans le langage de l’Union Européenne, qui en fait une des cibles de son programme FEDER/FSE 2014-2020, ces décrocheurs sont désignés par l’acronyme NEET : « not in Education, Employment ou Training » (« ni étudiant, ni employé, ni stagiaire »).

Les mesures déjà prises contre le décrochage scolaire avec la loi Peillon et le Plan de lutte de 2014
Depuis 2013, les annonces et initiatives n’ont pas manqué pour tenter d’endiguer le phénomène, qui condamne à la marginalité -quelle qu’en soit la forme- beaucoup de ceux qui en sont victimes. Principales mesures recensées ci-après :

* Mise en place du réseau de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS), dont les personnels participent au repérage des jeunes décrocheurs en lien avec les « référents décrochage scolaire » et les « groupes de prévention du décrochage scolaire » pour le déclenchement d’actions de prévention
* Développement des plateformes FOQUALE  assurant à chaque jeune décrocheur d’être pris en charge et de se voir proposer un « contrat formation qualification emploi »
* Renforcement de la coopération des équipes éducatives autour de cet objectif, au sein des établissements comme avec les partenaires extérieurs
* Multiplication des dispositifs au service des équipes éducatives : aide personnalisée, stages de remise à niveau pour les élèves de CM1 et de CM2, accompagnement personnalisé des élèves de sixième, accompagnement éducatif, programme personnalisé de réussite éducative (PPRE), accompagnement personnalisé de 2 heures hebdomadaires au lycée, maintien ou développement des sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA)
* Mission donnée à des formateurs ad hoc itinérants de sensibiliser et former les enseignants
* Développement des dispositifs relais (classes et ateliers) et des opérations « Ecole ouverte »
* Multiplication des structures de réinsertion éducative comme les « écoles de la 2ème chance » (les E2C, aujourd’hui au nombre de 48) ou les « micro-lycées » (42 unités aujourd’hui)
* Développement de structures de remédiation innovantes au sein des établissements classiques, à raison d’une au moins par académie
* Accroissement des montants alloués aux bourses de retour en formation
* Développement de l’enseignement à distance…

Quelques-unes des nouvelles mesures annoncées par la ministre de l’Éducation nationale
Le gouvernement a présenté ce vendredi un nouveau Plan visant à réduire encore le décrochage scolaire, objectif auquel 50 millions d’euros seront dédiés chaque année. Et dont voici les principales dispositions :

* Numéro unique (0 800 12 25 00) permettant aux jeunes et à leur famille de contacter un conseiller pour connaître les solutions proposées
* Développement de l’orientation choisie et expérimentation du « dernier mot laissé aux familles »
* Possibilité offerte aux élèves de seconde professionnelle qui pensent s’être trompés d’orientation ou l’avoir subie, de demander à changer de domaine ou de voie jusqu’aux vacances de la Toussaint
* Possibilité offerte à tous les élèves en difficulté de 15 ans ou plus de « faire une pause dans leur scolarité » pour un stage en entreprise ou un service civique, de « prendre du recul tout en restant sous statut scolaire et de revenir ensuite pour une formation plus adaptée »
* Possibilité offerte aux élèves ayant échoué au bac ou au BEP de redoubler une fois dans leur établissement en conservant, le cas échéant, le bénéfice des notes supérieures à 10 pour l’année suivante
* Renforcement du lien École/entreprises, par exemple à travers le développement des « clauses de formation sous statut scolaire »
* Mise à l’étude d’un allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans, contre 16 actuellement.

A lire aussi :
Le décrochage scolaire en baisse de 20 % depuis 2012. Par Aurélie Collas – Le Monde du 14 novembre 2016
Le nombre de décrocheurs passerait sous le seuil symbolique des 100.000 en 2016. Par Valérie Liquet – Localtis du 15 novembre 2016