Un moindre déficit public dû à de moindres investissements locaux : une solution en trompe-l’œil

L’effet de causalité s’est révélé grâce à l’annonce par l’INSEE des derniers chiffres du déficit public pour 2014. Prévu initialement à 4,4 % du PIB, le déficit s’est établi à 4 %, contre 4,1 % en 2013. Cette baisse du déficit s’explique en grande partie par le recul de l’investissement public local, qui s’est replié de 8,5 à 4,8 milliards d’euros entre 2013 et 2014.

Ce repli vient donc affirmer ce que des études pointaient depuis quelques mois. En octobre dernier, une étude de la Banque postale avait anticipé une baisse des investissements des collectivités ; en novembre, un rapport sénatorial avait également conclu que la baisse des dotations toucherait « massivement » l’investissement public local.

Dans leur ensemble, les investissements des collectivités locales connaissent une chute de près de 8 % en 2014. Cette donnée issue de l’étude de la Banque postale vient justement d’être appuyée par une étude de l’agence de notation financière Standard & Poor’s. Cette dernière confirme la hauteur de la réduction des dépenses d’investissement en 2014, tout en prévoyant une estimation identique en 2015.

Bien identifiée par les élus(e)s locaux, cette situation ne manque pas de les faire à nouveau réagir. Ainsi, l’AMF se montre très inquiète dans son dernier communiqué de presse.

« La ponction insoutenable sur les collectivités locales (28 milliards d’ici 2017) à laquelle s’ajoutent l’augmentation mécanique du coût de la fonction publique territoriale décidée unilatéralement par l’Etat (revalorisation des catégories C, augmentation des taux de cotisations retraite…) et la prolifération de normes nouvelles coûteuses expliquent cette chute qui risque de s’amplifier considérablement en 2015 et dans les années à venir. Aussi, se réjouir de la chute de l’investissement local pour contenir d’un point de vue comptable les déficits des autres responsables de la dépense publique est une erreur économique et sociale majeure. »

Face à une reprise économique qui se fait attendre et dont les prévisions ne laissent pas entrevoir une baisse du chômage (la croissance doit être supérieure à + 1,7 % l’an pour que la baisse du chômage s’enclenche ; en 2015, elle est prévue à 1 %), la baisse d’investissement des collectivités locales pose problème.

Cette conséquence des réductions de dotations est d’autant plus pénalisante pour les villes populaires qui connaissent une baisse brutale de leurs ressources. Confrontées le plus souvent à un chômage endémique, ces villes voient leur population se précariser sous l’effet de l’augmentation continue des chiffres du chômage, alors qu’elles auraient besoin d’être plus fortement soutenues que ne le fait la seule augmentation des dotations de péréquation.

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