Les Français face aux quartiers sensibles

Quel regard nos concitoyens portent-ils sur les « quartiers sensibles » ? Et comment évolue la représentation qu’ils s’en font avec l’aggravation globale de la crise économique et sociale ? Avec toutes les réserves qu’on peut avoir sur le sujet lui-même (la notion de «quartier sensible» est loin d’être scientifique) et sans révéler d’énormes surprises, l’étude commandée par l’ACSé au CRÉDOC éclaire vivement l’évolution de l’opinion.

Une question toujours essentielle
Plus de ¾ des Français jugent la situation des quartiers préoccupante : le chômage, la délinquance, mais aussi la montée des discriminations et les risques de tensions interethniques inquiètent. Au sein de la société, les personnes diplômées et les Franciliens s’en soucient plus que les autres tandis que les jeunes et tous ceux qui connaissent ces quartiers s’en font une image moins négative.

Des discriminations reconnues
85% des sondés parlent de discriminations, pointant avant tout l’accès à l’emploi (75%) et au logement (47%). Premiers motifs cités : la couleur de peau (51%), le pays d’origine (+8 points), l’orientation sexuelle (17%, +6 points)… En recul d’après les personnes interrogées : le handicap et le genre. Quant aux habitants des quartiers, ils insistent aussi sur les discriminations au lieu de résidence…

Un durcissement général du regard
D’une part, une majorité de sondés semble considérer les politiques de solidarité comme trop généreuses : 76% d’entre eux estiment ainsi qu’il est parfois plus avantageux de percevoir des minima sociaux que de travailler avec un bas salaire, 54% pensent que les pouvoirs publics font trop, 53% que le RSA incite à ne pas travailler. Plus sévère encore : 37% considèrent que les personnes vivant dans la pauvreté ne font pas d’efforts pour s’en sortir et sont donc co-responsables de la situation qui est la leur. Les Français semblent donc refuser à la fois la « victimisation » des habitants des quartiers et l’assistanat financier, puisque seulement 35 % des sondés (44% des habitants) jugent que les aides financières seraient efficaces face aux problèmes des quartiers.

Responsabilisation et solidarités plébiscitées d’un même mouvement
C’est ainsi que les personnes interrogées en appellent d’abord à l’association et à l’implication des habitants des quartiers sensibles dans les politiques dont ils devraient bénéficier. Pour 43% des sondés, les habitants eux-mêmes sont les plus à mêmes d’améliorer la situation, et les parents ont un rôle fondamental à jouer pour 29% d’entre eux. Et il est frappant de constater que sur ce point, les perceptions de la population et celles des habitants des quartiers concordent presque totalement. Par ailleurs, les Français, souhaitent que l’Etat intervienne davantage (à 84%), notamment à travers l’aide aux élèves en difficulté scolaire (94%), le développement économique (aide à l’installation d’entreprises créatrices d’emplois, pour 86%), le développement de l’offre de loisirs, des lieux culturels, des équipements sportifs (82%) et des services publics (77%), la rénovation du parc immobilier (74%), le développement des transports en commun (73%). Mais d’une part ces solidarités doivent, pour 4 personnes sur 5, s’accompagner de politiques sécuritaires renforcées (police de proximité, aggravations des sanctions pénales à l’encontre des délinquants). D’autre part, ces solidarités doivent aussi se manifester à l’échelon local puisque sont également citées comme étant potentiellement les plus efficaces : les associations locales, les enseignants et les éducateurs (26%), les collectivités locales (24%) et  les services sociaux (20%).

Pour accéder au rapport d’étude complet :
www.credoc.fr