Education : un plan de 3 ans pour la Seine-Saint-Denis

A territoires exceptionnels, mesures d’exception. C’est le sens du message qu’a voulu faire passer Najat Vallaud-Belkacem en visite à Bondy ce 19 novembre. « On ne peut pas traiter les territoires de façon indistincte et indifférenciée, il faut adapter les réponses », a dit la ministre qui a annoncé 9 mesures fortes pour la rénovation éducative du département.

Sur fond de tensions et de contestation. Enseignants non remplacés, postes non pourvus, recours à des armées de contractuels, collèges sous tension, ouvertures de classes sans cesse ajournées alors que les effectifs ne cessent de croître. Au terme d’une longue mobilisation des parents de Seine-Saint-Denis et alors qu’une grève des personnels était annoncée pour le 20, la ministre s’est rendue sur le terrain pour annoncer « des mesures singulières ».

500 postes supplémentaires d’ici 2017. Devant la pénurie d’enseignants, chronique dans le département et régulièrement dénoncée sans jamais pouvoir être corrigée, la ministre a d’abord annoncé des créations de postes : certes pas à la hauteur des espérances mais à un niveau qui ne peut être jugé anecdotique.

Un renforcement de l’éducation prioritaire. Sur le plan qualitatif, elle a aussi annoncé une augmentation des ressources de l’éducation prioritaire : avec 13 réseaux supplémentaires, le nombre des REP passera de 65 à 78 dans le département, dont 27 REP+.

Outre ces mesures de rattrapage, l’originalité du plan annoncé vaut surtout par ce que la ministre a elle-même appelé une « vraie politique de ressources humaines ». Car il ne s’agit pas seulement de recruter de nouveaux personnels, mais de pouvoir franchir un cap pour combler le retard de recrutement accumulé, et ensuite de les garder en leur offrant de meilleures conditions de travail.

Un concours exceptionnel pour le recrutement de 500 professeurs des écoles. Ce concours spécifique sera organisé en différé pour permettre à des candidats n’ayant pas été admis dans d’autres académies, plus recherchées, de se présenter la même année dans ce département.

Une formation en alternance à l’ESPE de Créteil : pour mieux se préparer à l’exercice du métier et limiter le taux d’abandon précoce parmi les jeunes enseignants, mais aussi pour faciliter et sécuriser la vie des étudiants ayant choisi d’enseigner en Seine-Saint-Denis, cette formation leur permettant d’enseigner à temps partiel dès la première année de master en percevant une rémunération équivalente au smic.

Un concours spécifique pour la titularisation des contractuels. La question avait suscité nombre de protestations et de polémiques, à propos du niveau de recrutement de ces personnels contractuels et des conditions de travail qui leur sont faites. Désormais, une formation leur sera proposée avant la rentrée et tout au long de l’année, ainsi qu’un tutorat personnalisé. Et ceux qui le souhaitent pourront passer un concours spécifique à partir de 2016 pour devenir titulaires.

Enfin, l’académie de Créteil bénéficiera de 600.000 euros supplémentaires pour renforcer l’attractivité, la formation et les conditions d’exercice de ses services administratifs.

Réactions contrastées. D’un côté, le président (PS) du Conseil général a qualifié ce plan de « vraie bonne nouvelle » pour le département et annoncé lui-même sa volonté de voir le Conseil général poursuivre ses propres efforts pour l’éducation en adoptant « un nouveau plan Ambition Collèges 2020, représentant 600 millions d’investissement pour 90 collèges », proposition soumise à l’approbation de l’assemblée départementale le 27 novembre.

De l’autre, les syndicats enseignants se montrent nettement moins enthousiastes : le SNUipp-FSU 93, déplorant l’absence de mesures salariales ou d’avancées sur la retraite et la mobilité, le Snes-FSU, demandant que l’on réfléchisse davantage à l’amélioration des conditions de travail, le SE-Unsa estimant que le recrutement de professeurs n’est pas la solution unique aux problèmes des élèves de Seine-Saint-Denis.