Culture de la paix : Grigny forme sa jeunesse

Selon les Nations Unies, la culture de la paix est un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les états.

A Grigny, cette définition qui sonne comme une déclaration d’intention se traduit en actions concrètes au quotidien, sous l’impulsion de Philippe Rio, maire de Grigny et président de l’AFCDRP.

 

Pourquoi ?

Il y a 15 ans, la ville de Grigny adhérait à l’Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix (AFCDRP), branche française du réseau international Mayors for peace, fondé par les maires d’Hiroshima et Nagasaki. Philippe Rio, maire de Grigny, en est aujourd’hui le président.

Au-delà de sa reconnaissance internationale qui lui permet de participer aux conférences de l’ONU sur le désarmement, l’association s’attache, par la mise en place de programmes locaux, à faire progresser la culture de la paix, qui est aussi une culture du respect mutuel, de l’égalité et de la solidarité, de la responsabilité et de la participation des citoyens.

Comment ?

Les 8 piliers de la culture de la paix * ont été le point de départ de la mise en œuvre d’un programme local d’action pour la paix tourné vers la jeunesse.

En mai dernier, une délégation de collégiens a ainsi rencontré huit Hibakusha , ces survivants des bombardements atomiques et Hiroshima et Nagasaki, venus témoigner en Europe à bord du Peace Boat.

En ambassadeurs de paix, les jeunes ont pu restituer cette rencontre aux autres écoliers et collégiens, lors de la première Après-midi pour la paix organisée à Grigny le 25 novembre dernier. Cette manifestation a rassemblé les enfants et adolescents de la ville qui, pendant plus d’un an, ont participé, dans les centres de loisirs au cours des activités péri-scolaires et dans les accueils de proximité, à de nombreuses activités sur le thème de la paix.

Quel bilan ?

La paix, ça n’est pas seulement le silence des armes. L’éducation à la culture de la paix est une démarche positive, un processus lent et profond. Et c’est ce processus que la ville de Grigny a engagé. On ne peut pas rendre de rapport chiffré ! Mais la valorisation de cette culture de la paix donne du sens à l’action municipale et suscite intérêt et réflexion, partagés avec la population.

 

Le projet en photos

 

 

L’interview de Philippe Rio, maire de Grigny 

Dans quel contexte la ville de Grigny a-t-elle adhéré à l’AFCDRP il y a 15 ans ?
Philippe Rio : Grigny est de longue date engagée dans un combat humaniste qui porte les valeurs de paix, de liberté, de progrès social. C’est tout naturellement que nous avons rejoint en 2000, à l’aube d’un nouveau millénaire, le mouvement des maires pour la paix. Un an après, en septembre 2001, suite à l’attentat perpétré aux Etats-Unis contre les tours du world trade center, nos sociétés sont désormais en proie à une forte instabilité liée à la multiplication des conflits régionaux et à la menace du terrorisme international. Cela a renforcé notre engagement pour une paix en action, c’est-à-dire une manière d’être, de faire et de vivre en société qui s’apprend, se développe et se cultive.

Vous êtes, depuis 2 ans, président de l’AFCDRP, comment envisagez-vous la mission de l’association en France ?
P.R.: Nous ressentons tous les conséquences dramatiques de ces nouveaux désordres mondiaux. L’année 2015 a commencé par des fusillades meurtrières et se termine par d’autres attentats barbares commis par de jeunes hommes qui pour certains sont nés et ont grandi en France. Notre conviction et notre message c’est qu’il est possible de lutter contre la haine, en faisant de la culture de la paix un axe de notre action locale. Mais il ne peut y avoir d’engagement dans cette voie sans volonté de se battre pour promouvoir l’éducation, un développement économique et social soutenables, le respect des droits pour tous les êtres humains, l’égalité hommes-femmes, la tolérance, la solidarité ou encore la paix internationale et la sécurité.

Comment votre engagement dans l’AFCDRP se traduit-il dans la gestion de la ville au quotidien ?
P.R.: Dans la pratique, cet engagement, nous le déclinons de multiples manières. Cela passe, par exemple, par un soutien de la municipalité à la campagne lancée par l’AFCDRP pour un monde sans armes nucléaires ou par un soutien aux populations victimes de la guerre avec les victimes de l’attentat d’octobre 2015 à Ankara. Cela se traduit aussi par la mise en place d’un plan local permettant à travers diverses opérations et initiatives de transmettre une culture citoyenne et pacifiste. Prenons le cas des adolescents. Certains collégiens ont rencontré en juin dernier des survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki venus témoigner de cet enfer nucléaire. Actuellement, nous réfléchissons à l’idée d’un concours de la paix dans l’ensemble des collèges de la ville. Nous avons d’autres projets en tête, et notamment l’organisation d’un déplacement avec des jeunes de la mission locale dans un camp d’extermination nazi. Nous envisageons de mettre à flot une péniche pour transmettre un message pacifiste lors de la journée internationale de la paix le 21 septembre.

Le 25 novembre dernier, a eu lieu à Grigny la première après-midi pour la paix. Que retenez-vous de cet événement ?
P.R.: Cette initiative a été un formidable travail d’éducation populaire réalisé par les animatrices et animateurs en lien avec les enfants, les jeunes et leurs parents. La paix est une valeur fédératrice qui favorise des échanges culturels et intergénérationnels. Cela donne du sens au service public et au vivre-ensemble.

 

Le témoignage d’Inès, collégienne à Grigny, lors de sa rencontre avec les Hibakusha

On se rend compte que l’histoire qu’on apprend à l’école est réelle. C’est concret et on prend conscience des choses à travers les gens qui les ont vécues. La guerre était encore plus terrible que je l’imaginais. Je n’avais jamais pensé au sentiment de culpabilité des survivants 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin* les piliers
  • Commune : Grigny
  • Département :  Essonne (91)
  • Région : Ile-de-France
  • Population : 27 713 habitants
  • Maire : Philippe Rio  (PCF)
  • Site internet : www.grigny91.fr
  • 7 collégiens partis à Gonfreville l’Orcher pour rencontrer les hibakusha
  • 200 enfants, adolescents ont participé à l’après midi de la paix le 25 novembre
  • Une centaine d’habitants a participé à l’inauguration du pont de la paix en septembre 2015

Renforcer l’éducation, afin de promouvoir des valeurs, des comportements et des modes de vie qui vont dans le sens de la résolution pacifique des conflits, du dialogue, de la recherche de consensus et de la non-violence ;

Promouvoir un développement économique et social durable par la réduction des inégalités économiques et sociales, l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire durable, la justice sociale, des solutions durables aux problèmes de la dette, l’autonomisation des femmes, des mesures spéciales pour les groupes aux besoins particuliers, la durabilité environnementale ;

Exiger le respect de tous les droits de l’homme, puisque lorsque la guerre et la violence prédominent, il est impossible d’assurer les droits de l’homme et que, de la même façon, sans les droits de l’homme, il ne peut exister de culture de la paix ;

Développer l’égalité entre les femmes et les hommes par la pleine participation des femmes dans la prise de décision économique, sociale et politique, par l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence contre les femmes, par l’appui et l’aide aux femmes qui se retrouvent dans le besoin ;

Intensifier la participation démocratique indispensable dans tous les secteurs de la société, un gouvernement et une administration transparents, la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, la corruption, les drogues illicites et le blanchiment d’argent ;

Inciter à la compréhension, à la tolérance et à la solidarité entre tous les peuples et toutes les cultures pour abolir les guerres et les conflits violents ;

Soutenir la communication participative et à la libre-circulation de l’information et des connaissances

Défendre la paix et de la sécurité internationales par l’action pour le désarmement nucléaire et conventionnel, pour la négociation de règlements pacifiques des différends, l’élimination de la production et du trafic illicite d’armes, les solutions humanitaires dans les situations de conflit, etc.

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