Journées de France urbaine à Dijon, Marc Vuillemot, Président de Ville & Banlieue s’exprime

Invité à Dijon aux journées d’échanges de « France urbaine », l’association nationale des grandes villes et intercommunalités, j’ai porté la parole des communes et communautés abritant des quartiers urbains prioritaires.

Et, s’il en avait bien besoin, ce sera d’autant plus nécessaire pour les temps à venir, surtout après les premiers retours du gouvernement, par la voix de M. le Premier Ministre, au soir de la première de ces « journées nationales », qu’il m’a été impossible d’applaudir.

J’ai notamment rappelé, dans le cadre de l’atelier sur la contractualisation financière entre les collectivités et l’État, qu’il n’est pas possible de contraindre aux mêmes efforts financiers que les autres nos maires et présidents d’intercommunalités au bord de l’épuisement, qui doivent, et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres de leurs vécus quotidiens, supporter des coûts croissant exponentiellement de gardiennage, de surveillance, de vidéoprotection de leurs équipements publics, de remplacement de conteneurs à ordures brûlés, d’enlèvement de carcasses de voitures carbonisées, de réparations d’écoles saccagées, d’investissement et de fonctionnement du dédoublement, imposé par l’Etat lui-même, des classes de CP et CE1, de compensation, pour les associations qui s’épuisent à maintenir les équilibres sociaux, des désengagements financiers contraints des départements et régions, ou de fonctionnement des nouveaux équipements sportifs, culturels ou socio-éducatifs dont l’Etat a lui-même impulsé la création, en particulier dans le cadre des programmes de rénovation urbaine (PRU).

Sans dispositions dérogatoires urgentes, comment signer quelque pacte de confiance que ce soit avec un État qui, du moins pour l’instant, ne donne à ressentir à nos territoires que du désintérêt ? Et donc nos 5 millions d’habitants.

En effet, lorsqu’il a annoncé que, dans le projet de « pacte de confiance », certaines dépenses pouvaient être « neutralisées », on pouvait espérer que M. Philippe allait répondre à l’exigence des communes populaires. Las, il n’en fut rien. Seules les dépenses relatives à la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations pourront être exclues du calcul ! Une triste confirmation de l’indifférence ressentie par nos territoires urbains fragiles. Sauf, bien sûr, à l’entendre, pour les quartiers urbains prioritaires édifiés sous le niveau de la mer et traversés par un torrent cévenol impétueux !

C’est d’autant plus désolant que, comme l’a indiqué M. Rebsamen, maire de Dijon, président de Dijon Métropole, dans son discours d’accueil du Premier ministre : « On ne peut exiger des collectivités locales un effort de 13 milliards d’euros alors que l’Etat va aggraver son propre déficit de 17 milliards d’euros cette année (…) Signer un contrat sans condition, sans mise en perspective, sans prise en compte des spécificités et de l’histoire, n’est pas possible. (…) Ce qui nous est proposé n’est pas un contrat, mais un contrôle ! C’est de la soumission ! ».

Quelques mots tout de même de la part du Premier Ministre ont été dédiés à la politique de la ville, en réponse à l’invitation de M. Moudenc, président de « France Urbaine ». Des annonces qui n’en sont d’autant moins qu’elles sont affichées sans être accompagnées d’une traduction financière significative : « sanctuariser les moyens » (quels moyens ? ceux d’avant ou d’après les coupes budgétaires ?), « faire revenir les grues et les camions pour rénover » (avec quel argent ? où est le doublement promis des crédits de la rénovation urbaine ?), « simplifier les procédures » (ce ne serait pas du luxe, et c’est bon à prendre), « expérimenter les « emplois francs » » (on l’a déjà fait, avec l’insuccès que l’on a connu), « assurer un pourcentage d’emplois aidés pour les bénéficiaires des quartiers » (quel pourcentage ? et pour quels emplois aidés ? ceux qu’on a supprimés d’un trait de plume ?), « mobiliser le droit commun » (en citant en exemple la police de proximité du quotidien que nombre de communes volontaires ayant des QPV se sont vu refuser d’expérimenter…). Ça, c’est l’existant, pas une mise en perspective.

C’est bien dommage.

Ce n’est pas de ça, surtout sans annonce d’efforts financiers dédiés, qu’on a besoin. Je l’exprimerai à nouveau demain vendredi, deuxième et dernière des « journées nationales de France Urbaine », au cours du temps d’échange prévu en présence de M. Borloo.

Mais espérons que le gouvernement aura à cœur de s’inspirer du rapport de préconisations que rendra sous peu M. Borloo et des conclusions des groupes de travail d’élus et acteurs de la politique de la ville, et, par des solutions volontaires agrémentées de moyens significatifs, de ne pas perdre la confiance des élus et des territoires urbains.

Et je rendrai compte des sentiments des maires et présidents d’intercommunalités abritant des quartiers populaires fragiles ce vendredi 6 avril à partir de 12h 15 à Dijon.

Contact sur place : Sylvie Thomas 06 77 89 78 82