A quoi servent les délégués du Gouvernement ?

Nommés au début de l’été, les 12 « délégués du gouvernement » ont pour mission de remédier rapidement aux dysfonctionnements de l’action publique là où celle-ci fait l’objet de carences reconnues. Dans une longue interview donnée à la Gazette des communes, leur coordinatrice nationale, Sylvie Feucher, précise leur feuille de route et donne quelques exemples de leurs premières interventions, revenant aussi sur les tâches prioritaires de la police (administration dont elle est issue) dans les quartiers de la politique de la ville. Meilleurs extraits.

Une mission expérimentale
« Les délégués du gouvernement doivent gommer tout ce qui freine l’action publique […] penser l’État autrement, en travaillant en « circuit-court », en mode « projet » […] créer les passerelles utiles et enclencher une dynamique collective – société civile et monde économique compris – au bénéfice des populations des quartiers populaires. Ce que nous leur demandons, c’est de faire le lien entre les porteurs de projets innovants et les financeurs, y compris du privé […] Les partenariats locaux ne devraient plus dépendre des bonnes relations entretenues entre tel ou tel acteur. Ces coopérations dopent l’efficacité des politiques publiques et doivent devenir systémiques. »

Premiers acquis
« En trois mois, certains délégués ont déjà facilité la mise en œuvre de partenariats entre les lycées des quartiers et les grandes écoles (IRA, IEP),  développé la charte « Entreprises et quartiers » pour faciliter notamment la recherche de stages des collégiens et d’alternants dépourvus de carnet d’adresses. D’autres ont contribué à la mise en place de crèches d’insertion accueillant prioritairement des enfants de famille monoparentale, mais aussi d’auto-écoles d’insertion, de garages solidaires ou de maisons de la santé. »

Policier en banlieue
« Un commissaire peut très bien faire du maintien de l’ordre un jour, puis être appelé à réfléchir le lendemain avec des citoyens, des médiateurs, la PJJ, les proviseurs, les bailleurs sociaux, les missions locales ou le parquet pour améliorer la tranquillité publique. La transversalité des missions oblige le policier à agir sur tous les champs.
« Néanmoins, les policiers devraient incontestablement être mieux formés à la politique de la ville et à ses acteurs  […] Faute de modules de formation conjoints et donc de culture commune, il y a parfois trop peu de connaissance des différents métiers de l’action publique qui servent pourtant le même public. Je pense à la police, à la justice, au SPIP, à la PJJ, aux missions locales, à la prévention de la délinquance ou à la politique de la ville.
« [Réduire les tensions entre policiers et populations des banlieues sensibles ?], Il devient impératif de déconstruire les préjugés qui peuvent conduire à des peurs réciproques inutiles. La connaissance permet de sortir des schémas, d’un côté comme de l’autre, et de faire changer les mentalités. Pour cela, l’acculturation des agents à l’histoire de leur ville d’affectation, à l’évolution de son peuplement, aux difficultés d’insertion rencontrées par la jeunesse, au déficit d’image de soi et à la rancœur que ce manque de reconnaissance génère, devrait être systématique. »

Contre la radicalisation
« Il faut donner des perspectives à notre jeunesse, notamment à celle des quartiers populaires, notamment aux jeunes filles, en multipliant les parcours émancipateurs.  Seule l’éducation sous toutes ses formes et avec tous les acteurs – enseignements reçus à l’école mais aussi les temps périscolaires et associatif, le sport ou encore la culture – peut permettre à nos jeunes de se détourner des chimères. »

Article vu sur :
– La Gazette des Communes du 9 septembre 2016

 

 

 

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