«A 14 ans, un destin peut être déterminé par une affaire de kilomètres»

Dans leur livre «les Invisibles de la République», Salomé Berlioux et Erkki Maillard donnent la parole à des jeunes de la «France périphérique», souvent oubliés et moins valorisés que ceux des métropoles. Un désarroi qui rappelle celui des gilets jaunes.

A partir de quand se situe-t-on dans cette France périphérique ?
E.M. : La limite géographique est un débat en soi. D’une certaine manière, nous l’avons mise de côté en posant ce postulat : dès lors qu’il n’y a pas la possibilité d’accéder tous les jours à une grande métropole connectée à la mondialisation, on y est. Un banlieusard de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, aura des difficultés à se rendre à Paris. Mais il y est en combien de temps ? Une heure et quart ? Ce sera plus compliqué pour un jeune de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Quoiqu’en Seine-et-Marne ou en Essonne, il y a des communes qui pourraient entrer dans la définition.
S.B. : Le danger serait, on le répète, d’opposer quartiers et campagnes, par exemple. Le raisonnement est plus global. Si on a réussi à faire avancer des choses dans les quartiers populaires, on peut aussi agir dans les territoires que nous décrivons. D’ailleurs, des associations qui ont œuvré en banlieue nous ont inspirés sur la méthodologie à adopter. Parce que s’il y a des problématiques spécifiques à la campagne et aux quartiers, il y a des points communs évidents, notamment dans la valorisation de soi.

Quid des quartiers populaires dans cette France périphérique que vous décrivez ?
E.M. : C’est la double peine…

Pour en savoir plus : Libération – du 13 février 2019

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